Un émouvant adieu

Ils avaient entre 6 et 14 ans lorsque leur père, ébloui par les promesses de la Scientologie, a fini par quitter le domicile familial, laissant leur mère élever seule quatre enfants. Pendant 30 ans, d’année en année, leur père a gravi tous les échelons, s’endettant toujours plus, jusqu’à parvenir aux plus hauts grades de l’organisation. Une dernière cure de purification a eu raison d’une santé déjà fragile et il est décédé aux Etats-Unis, au siège de la Scientologie. Après bien des difficultés, les enfants ont pu faire rapatrier ses cendres et se réunir pour une cérémonie à sa mémoire. Ils ont accepté de partager avec les lecteurs de BulleS ce témoignage de vies bouleversées par l’emprise de la Scientologie sur leur père.

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Témoignage d’une ancienne adepte du groupe Amour et Miséricorde

Dans un podcast mis en ligne sur le site du journal Les Dernières nouvelles d’Alsace, Isabelle, une ancienne adepte du groupe Amour et miséricorde, raconte son parcours depuis son entrée, en 1999, jusqu’à sa sortie 13 ans plus tard. Elle a témoigné contre Eliane Deschamps, la fondatrice du groupe, lors du procès1 qui s’est ouvert le 22 novembre 2021 devant le tribunal correctionnel de Dijon.

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Secte de l’Ordre du Temple Solaire : l’emprise avant les massacres

A l’occasion du vingtième anniversaire de la macabre découverte des corps de 16 des membres de l’Ordre du Temple Solaire dans le Vercors, les journalistes des Voix du crime se sont demandé comment l’emprise pouvait mener des adeptes à la mort.

Tristement connu pour plusieurs massacres et suicides collectifs, l’Ordre du Temple Solaire a fait 74 victimes entre 1994 et 1997 en France, en Suisse et au Canada.

Le 23 décembre 1995, seize corps calcinés étaient retrouvés dans une forêt du Vercors. Tous les défunts étaient membres de l’OTS, un groupe ésotérique fondé par Jo Di Mambro et le médecin homéopathe Luc Jouret. Il semblerait que ce soient les idées de Di Mambro qui aient conduit les adeptes à la mort la nuit du 15 au 16 décembre. Son enseignement affirmait que l’âme pouvait voyager vers d’autres planètes via le suicide, lors d’un processus appelé le « transit ».

Parmi les seize morts figuraient Edith et Patrick Vuarnet, l’épouse et l’un des fils du champion de ski Jean Vuarnet. Invité de l’émission de RTL, Alain Vuarnet, le frère de Patrick, avance des raisons qui auraient pu conduire son frère et sa mère dans le groupe. « Les recruteurs d’une secte savent très bien qui ils vont chercher » prévient-il.

Selon lui, son frère disparu à l’âge de 27 ans était en quête de reconnaissance face à son père, tandis que sa mère, sensible au développement durable, avait été séduite lors d’une conférence donnée par l’homéopathe Luc Jouret, recruteur du groupe. Alain Vuarnet analyse : le « lavage de cerveau provoque le nettoyage de toutes les valeurs qui sont les nôtres pour vivre en société. Et peu à peu, de manière très discrète, voire occulte, ils imposent leurs propres valeurs… ».  (Source : RTL, 23.12.2021)

Pour écouter le podcast : https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/secte-de-l-ordre-du-temple-solaire-comment-edith-et-patrick-vuarnet-sont-tombes-sous-emprise-7900107465

Lire les articles l’Ordre du Temple Solaire sur le site de l’Unadfi : https://unadfi.eldapps.com/mot-clef/ots-ordre-du-temple-solaire/

Validation de la mise en examen

A Saint-Denis de la réunion, la chambre d’instruction a rejeté la requête en nullité de la mise en examen d’Extravagance en qualité de personne morale. L’association sera bien poursuivie par la justice des faits de dérives sectaires à l’encontre d’anciens fidèles.

L’avocat d’Extravagance avait contesté la régularité de la procédure stipulant que les mises en examen de l’Eglise et de son leader n’auraient pas dû être prononcées conjointement et auraient dû faire l’objet de deux rendez-vous différents. La chambre d’instruction a jugé qu’aucune entorse n’avait été commise.

En outre, l’association avait fait appel de l’obligation de versement d’une caution de 60 000€, ce qui a aussi été rejeté par le juge d’instruction.  L’église avait alors réussi à réunir les fonds grâce au soutien financier de ses fidèles.   (Source : Clicanoo, 17.11.2021)

« Amour et Miséricorde » : la parole des témoins

Le groupe de prière fondé par la « voyante », Eliane Deschamps, jugée pour abus de faiblesse, est décrit dès 2002 par plusieurs témoins et proches de ses adeptes comme un collectif qui joue sur la manipulation mentale de ses fidèles.

Une des parties civiles au procès, Marie-France, explique avoir dès cette époque perdue tout contact avec son fils. Il lui avait annoncé qu’il avait « envie de changer d’air […] pour se rapprocher du groupe Amour et Miséricorde ». « Il est devenu très distant, le dialogue était impossible ». à
45 ans, il est resté membre et adepte de la communauté et a coupé les relations avec sa mère.

Magalie Breux, une des filles de la « voyante », a quitté le groupe au bout de dix ans. Elle raconte les visions de sa mère, ses « apparitions » de la vierge, les pèlerinages et les défilés des fidèles dans la maison familiale. Elle décrit les brimades, les humiliations et l’emprise que sa mère a exercée sur elle. « On n’avait pas de vie sociale en dehors de la communauté ». Ce qu’elle décrit semble être un processus avéré d’emprise, de rupture, mais aussi de pression financière. « Jésus prend possession de son corps et lui dit que les adeptes doivent se détacher de leurs biens les plus chers ». Les adeptes devaient en effet donner leurs bijoux ou des tableaux et versaient une pension de 300 à 350 euros par mois, parfois même déposaient régulièrement des sommes allant jusqu’à 5 000 euros.

« J’ai eu une vie d’esclave pendant dix ans : je faisais le ménage tous les jours à fond, je faisais la cuisine, j’obéissais, j’étais en soumission totale, sous emprise », témoigne à la barre Brigitte Delecourt, autre adepte pendant dix ans.

A l’inverse de ces témoignages, certains membres actuels de la secte sont venus au procès pour tenter de convaincre de leur « liberté », assurant qu’ils ne se considéraient ni sous emprise ni sous influence.

Un des avocats des parties civiles fustigent ces témoignages « positifs », qui relèvent selon lui d’une « entreprise cosmétique » visant à masquer l’emprise.

« Eliane dirigeait tout », dit Gwenola Boucher-Doigneau, ex-adepte, qui a quitté la secte à 25 ans. « Je la divinisais, j’aurais tout fait pour elle. Je me serais jetée d’une falaise si elle me l’avait demandé ». Elle raconte que la gourelle lui avait, entre autres, interdit de demander une péridurale lors d’un accouchement. Elle l’avait également forcée à rédiger une lettre à son père pour lui faire savoir « qu’il n’était plus son père ».

La sœur de Gwenola, Isabelle, et sa mère Brigitte avaient rejoint le groupe. « On était tous collés à Eliane comme la bernique à son rocher », dit cette dernière. Pierre, son mari et père de Gwenola, qui a tout fait pour faire sortir sa famille du groupe, analyse comment l’emprise a pu s’opérer. « Tout s’est fait progressivement, par la séduction ».

« C’est une véritable fabrique de l’état de faiblesse », explique une psychologue spécialiste du fait sectaire citée à la barre lors du procès. « L’individu passe de sujet à objet à travers la coupure avec son réseau d’appartenance ».   (Sources : Le Figaro, 23.11.2021 & France Bleu Bourgogne, 22.11.2021 & Le Parisien, 22.11.2021 & elle.fr, 23.11.2021 & TV5Monde, 22.11.2021)

Procès de la fondatrice du groupe de prière « Amour et Miséricorde »

Une femme gourou, Eliane Deschamps, 67 ans, fondatrice en 1999 de la secte présumée « Amour et Miséricorde», est jugée pour abus de faiblesse au tribunal judiciaire de Dijon. Elle prétend avoir vu et entendu la vierge et incarner un renouveau charismatique, enrôlant sous sa coupe des adeptes dans toute la France.

Elle se faisait appeler « la servante » ou « la voyante ». Après vingt ans de procédure, elle est jugée pour abus de faiblesse avec un autre membre de sa communauté, Daniel Delestrac, 75 ans, son « bras droit », ancien membre de l’Eglise de Scientologie. Ils sont accusés d’emprise et de comportements constitutifs de dérives sectaires.

Cette longue saga judiciaire témoigne des difficultés à caractériser ce type d’infraction. Marie Drilhon, vice-présidente de l’UNADFI, explique que « ce sont des dossiers compliqués à judiciariser parce qu’établir la preuve de l’emprise mentale sur des personnes majeures reste complexe.  Ce sont des groupes fermés, il n’y a pas de témoin direct, pas de traces pouvant caractériser l’abus de faiblesse ».

Dans ce procès, une douzaine de personnes, des anciens membres ou leurs proches, se portent partie civile.

Dès 2002, l’archevêque de Dijon avait interdit à la prévenue de faire du prosélytisme autour de ses supposées « apparitions ». En 2008, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) avait alerté sur « une structure non reconnue par l’Eglise et un groupe soumis à l’autorité de sa  » voyante  » qui tend à se refermer sur lui-même. » Des premières plaintes sont alors déposées mais aboutissent à un non-lieu. Après de nombreuses nouvelles plaintes, une information judiciaire est de nouveau ouverte en 2014. Interpellée sur les rebondissements de cette affaire, la Miviludes reconnait des comportements constitutifs de dérives sectaires.

Les trois axes judiciaires du procès concernent l’abus de faiblesse, l’abus de confiance et l’extorsion de fonds. Selon l’accusation, la prévenue a enfermé les membres de sa secte dans une « prison spirituelle ». Jérémy Demay, journaliste indépendant, auteur d’un ouvrage sur l’affaire, pointe également les dérives d’ordre financier, montrant que les membres de la communauté sont incités à céder leurs biens et à verser des pensions conséquentes. Des soupçons de détournement d’héritage ont aussi fait l’objet de discussions lors du procès.

Les prévenus étaient passibles de cinq ans d’emprisonnement et 750 000 Euros d’amende. L’état de santé d’Eliane Deschamps ayant été jugé peu compatible avec un emprisonnement, un an de prison avec sursis a été requis au final. (Sources : Le Figaro, 23.11.2021 & TV5Monde, 23.11.2021 & 20 Minutes, 22.11.2021 & France Bleu Bourgogne, 22.11.2021 & Le Parisien, 22.11.2021)

La bonne santé des dérives sectaires

Pascale Duval, porte-parole de l’Unadfi, et Stéphane François, professeur de science politique à l’université de Mons, ont été invités par France Culture à l’émission Sous les radars consacrée aux dérives sectaires dans le champ de la santé et du bien-être, des domaines que beaucoup pourraient penser sans risques.

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Dérives sectaires : Ces nouveaux mouvements qui surfent sur la pandémie,

Marie Drilhon, présidente de l’Association de Défense des Familles et de l’Individu victimes de sectes (ADFI) Yvelines, membre du bureau de l’UNADFI, a été l’invitée de l’émission 7 milliards de voisins sur RFI.

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