Les nombreux points communs entre la mouvance complotiste et les sectes

Le Dr Janja Lalich, professeure émérite à l’université d’Etat de Californie, spécialiste des mouvements sectaires, s’est entretenue avec l’Express sur les similitudes entre les mouvements complotistes et les sectes. Elle livre au journal ses constatations sur le sujet.

Pour elle qui étudie le phénomène sectaire depuis 30 ans, il serait temps d’en reprendre la définition. Les sectes, agissant autrefois sous la houlette d’un leader bien identifié dans un endroit bien localisé, se déploient désormais sur Internet sans leader défini. Malgré un développement sur la toile, elles n’en restent pas moins fermées et on y retrouve « le même type d’étroitesse d’esprit que dans les sectes classiques » ce qui rend difficile toute communication avec leurs membres. Ce sont des traits qui se retrouvent également dans la mouvance complotiste.

Pour Janja Lalich le fait que les sectes se différencieraient des mouvements complotistes par leurs croyances religieuses, n’est pas un argument suffisant pour gommer leurs similitudes. D’ailleurs, explique-t-elle, « toutes les sectes ne sont pas religieuses ». Elle-même a été membre d’une secte politique dans les années 1970.

Même si les membres des communautés complotistes n’interagissent que sur internet, il n’en demeure pas moins que, comme dans les sectes, l’effet de groupe revêt une grande importance. Les membres s’y sentent comme dans une famille qui utilise le même langage, se regroupent autour des mêmes idées. Leurs membres n’ont pas besoin d’un leader, leurs idées et leurs croyances suffisent à guider leurs actions et à se rendre à tel ou tel événement.

Janja Lalich n’imagine pas que la mouvance complotiste, si ample qu’elle soit, puisse donner naissance à une secte globale, mais elle pense qu’il pourrait en émerger de petits groupes pouvant rassembler des milliers de personnes étant donné le nombre d’internautes partageant des idées complotistes. D’ailleurs, leur capacité à se regrouper et à s’organiser physiquement a déjà commencé à se concrétiser par exemple lors de mouvements de contestation antivax.

Qu’il s’agisse des sectes classiques ou des mouvements complotistes, les crises ont toujours profité à ce type de mouvement, dont l’expansion a été sans précédent depuis le début de la crise sanitaire. En cherchant des solutions, les gens tombent dans le piège. Mais le glissement est progressif, aussi Janja Lalich donne quelques clés pour déterminer si un proche adhère à ces théories. Elle explique : « il deviendra beaucoup plus étroit d’esprit. Il ou elle passera probablement tout son temps sur Internet, et il deviendra impossible de lui parler ».

Pour aider, il faut s’armer de patience et « construire une relation très humaine ». Ne pas parler des croyances, mais au contraire évoquer le passé et les bons souvenirs. Elle rappelle que quitter un groupe est l’une des choses les plus difficiles qui soit. Il ne faut jamais affronter l’adepte, mais au contraire le mettre à l’aise, le rassurer. (Source : L’Express, 15.11.2021)

Maternité et soumission des femmes dans un mouvement chrétien fondamentaliste

Le mouvement Quiverfull qui prône une lecture littérale de la Bible repose sur deux fondements idéologiques : la soumission totale des femmes à leur mari et le refus de toute planification des naissances.

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Trois ans de prison avec sursis pour le fondateur de l’Angélus

L’abbé Spinoza a été condamné à trois ans de prison avec sursis pour violence et maltraitance sur des élèves de l’Angélus, un établissement scolaire hors contrat qu’il avait fondé en 2010. Il a, en outre, été reconnu coupable de travail dissimulé par le tribunal correctionnel de Bourges.

Sous le patronage du Bon Pasteur, l’école ouverte à Presly dans le Cher accueillait une centaine d’élèves de la primaire à la terminale, jusqu’à sa mise sous scellée par la préfecture en juin 2017.

L’affaire a éclaté en 2017, après qu’une famille et des enseignants, anciens membres de l’Angélus ont dénoncé des faits de violences auprès de la direction de l’Académie. Les enquêteurs avaient rassemblé une cinquantaine de témoignages d’élèves, dont une vingtaine ont relaté des faits de violences et « deux ou trois » des agressions sexuelles. Ils avaient dénoncé des coups de poing, des gifles, des privations de nourriture (de la nourriture périmée avait été retrouvée lors des perquisitions), l’absence de chauffage ou l’obligation d’effectuer des tâches ménagères pour lesquelles aucun personnel n’était employé.

Finalement deux familles et l’association La Voix de l’enfant se sont portées parties civiles contre l’abbé, décrit par le substitut du procureur de Bourges comme un gourou qui aurait institutionnalisé la violence et organisé la terreur. Il n’a présenté aucune excuse aux victimes présentes.

Le parquet avait requis à l’encontre de l’abbé une peine de trois ans de prison, dont un ferme mais la cour n’ayant pas retenu «  le caractère habituel des violences », il écope d’une peine avec sursis. Cependant le parquet a été suivi dans ses autres réquisitions et l’ecclésiastique n’a plus le droit d’enseigner ni de pratiquer des « activités rémunérées ou bénévoles au contact de mineurs pour une durée de dix ans ». Il a en outre, été condamné à verser un euro symbolique à l’association La Voix de l’enfant, et 20 000 € de dommages et intérêts aux autres plaignants.

Concernant les accusations de travail dissimulé, l’abbé Spinoza a été condamné à dédommager l’Urssaf Centre-Val de Loire à hauteur de 101 371 € pour les cotisations sociales non versées entre 2014 et 2017. A l’époque des faits, le prêtre avait fait rédiger une convention de bénévolat par un avocat pour se couvrir – ce dernier était partie civile au procès. Plusieurs bénévoles étaient payés 15 euros de l’heure en liquide, tandis que des enseignants et des surveillants bénéficiaient d’avantages en nature.

Deux autres prévenus, eux aussi accusés de violence, ont écopé de peines plus légères. 

(Source : La Croix, 24.11.2021)

Pour en savoir plus sur l’affaire lire sur le site de l’Unadfi : Perquisition dans une école hors contrat du Cher  https://unadfi.eldapps.com/actualites/domaines-dinfiltration/education-periscolaire-et-culture/perquisition-dans-une-ecole-hors-contrat-du-cher/

Une vie sous contrainte

Dans son article « Incursion dans le monde de l’Opus Dei », Radio Canada publie un témoignage montrant le contrôle abusif de l’organisation sur les individus. Un homme ayant vécu trente ans au sein de l’organisation admet être aujourd’hui victime de paranoïa et de peur irrationnelle..

Le témoin, Vincent Durocher s’est engagé en tant que numéraire à savoir qu’il a fait les mêmes vœux qu’un prêtre (pauvreté, chasteté, célibat). Pourtant dans le groupe la majorité des membres sont mariés et ont des enfants et rien ne laisse penser qu’ils sont membres de l’Opus Dei. Vincent Durocher a vécu dans des maisons de l’Opus Deï avec d’autres membres et l’intégralité de leur salaire est versé à l’organisation. Ils sont encouragés à respecter un plan de vie quotidien comprenant de nombreuses dévotions.

Pour Vincent Durocher, le sentiment de piège est profond. L’organisation ne lui a pas tout dit sur ses réelles intentions notamment sur les exigences financières et le fait de devoir consacrer une grande partie de sa vie au mouvement. Il faut être disponible pour le groupe : formations spirituelles, cercles de discussion. Le programme complet épuise les adeptes. Leur vie entière est contrôlée par l’organisation, les déplacements sont surveillés et les livres, le cinéma, le théâtre et d’autres loisirs sont proscrits. Une véritable emprise s’exerce au sein du groupe sur les individus.

Radio Canada a aussi donné la parole à un ex-adepte qui a dirigé plusieurs centres de l’organisation. Il confirme les pressions et une recherche de la perfection. Il reconnaît que de nombreux numéraires sont sous antidépresseurs souvent parce qu’ils ont l’impression de ne jamais atteindre la perfection, la sainteté. Les personnes souffrantes sont souvent orientées vers des médecins membres de l’organisation. Au sein du groupe, il est conseillé aux numéraires de se confier même sur leurs secrets les plus intimes à leur guide spirituel. Pour d’anciens membres, ces confidences entrent dans le cadre d’une volonté de contrôle. De plus, les supérieurs s’échangent les informations sur les fidèles, il n’y a aucune confidentialité.

L’Opus Dei est un mouvement qui dans de nombreux pays a une grande influence et n’hésite pas à répandre ses idées anti-avortement, contre le mariage pour tous ou l’aide médicale à mourir.  Certains estiment le nombre de membres dans le monde à plus de 90 000.  (Source : Radio Canada, 04.11.2021)

J’ai passé mon enfance dans une secte religieuse – Le Speech de Joseph

Séquestrations, tortures, violences sexuelles, c’est ce qu’a vécu Joseph, membre de la communauté de Malrevers (43) jusqu’à ses quatorze ans.

18 ans après avoir quitté le groupe, il témoigne de son enfance coupée du monde, faite de brimades et de maltraitances pour lesquelles il vient de porter plainte.

Jusqu’en sixième il n’avait jamais quitté la communauté qui fonctionne en autarcie et dont les membres se marient entre eux. Proche de la Famille, une communauté restée secrète jusqu’à récemment, elle s’en différencie par la façon d’élever les enfants qui sont soustraits à leurs parents dès la naissance et élevés en commun. L’amour filial est prohibé et les discussions sur l’amour et la sexualité sont inexistantes.

Les enfants dormaient en dortoir, surveillés par un adulte appelé le « passeur » qui les réveillait parfois brutalement en touchant leur entrejambe pour vérifier s’ils n’avaient pas eu de pensées « impures » durant la nuit.

L’enseignement était délivré au sein de la communauté jusqu’au CM2. Là aussi chaque faute de comportement était sanctionnée par des coups, les punitions allant crescendo avec l’âge. Finalement, Joseph connaîtra des semaines de séquestration dans une cave dont il ne sortait que le soir pour dormir.

Joseph raconte comment il a été corrigé pour avoir chahuté avec son cousin Daniel. Emmené dans une cave, il est injurié, frappé et violé avec un bâton en punition d’un comportement jugé comme « homosexuel » par Joël Fert, le dirigeant du groupe.

En 2003, des traces de coups découverts sur son cousin, scolarisé dans un collège, amènent l’ouverture d’une enquête. À la suite de cela Joseph et sa famille seront chassés de la communauté pour cacher les maltraitances qui lui avaient été infligées ainsi qu’à son frère par le leader du groupe.
Celui-ci sera condamné en 2008 à un an de prison dont dix mois avec sursis pour violences sur mineurs.

En 2019, c’est une visite à l’improviste dans la communauté qui lui fera prendre conscience de la nécessité de porter plainte afin que ses membres réalisent la gravité de ce qu’ils ont fait.  

(Source : Facebook, Konbini, 31.10.2021)

Pour en savoir davantage sur cette affaire lire sur le site de l’Unadfi :  https://unadfi.eldapps.com/mot-clef/communaute-de-malrevers/

Voir la vidéo : https://www.facebook.com/watch/?v=866768784008827&t=0  

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