Mise en état de sujétion (1ère partie)

Les sectes au sens actuel du mot, ont la volonté de contrôler totalement leurs membres au mépris de leur liberté ; elles sont d’essence totalitaire.
D’une très grande diversité de tailles, structures et dénominations, elles ont en commun de se présenter comme pouvant apporter des réponses absolues à des problèmes ou des aspirations de l’être humain, qu’ils soient d’ordre idéaliste (sectes religieuses ou politiques), ou matérialiste (groupes proposant le développement des facultés physiques ou mentales, la santé, la réussite sociale et financière). Elles séduisent ainsi de futurs adeptes, mais en les informant le moins possible sur leur organisation et la réalité de ce qu’ils vont vivre. Elles les amènent en toute confiance et apparente liberté à ouvrir leur « jardin secret », puis utilisent des « techniques propres à altérer le jugement et à induire un état de sujétion psychologique». (cf la loi About-Picard rappelée à la page 8 de ce présent numéro). Indispensable au recrutement et à l’assujettissement des adeptes, un ensemble de techniques bien rodées et efficaces constitue une manipulation mentale peu visible (excepté par les proches), difficile à prouver devant les tribunaux (souvent peu motivés et mal informés) ; en outre, elle permet généralement d’éviter qu’un adepte ayant pris conscience du préjudice subi porte plainte dans les délais impartis.(…)

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La manipulation mentale : Qui séduit et qui se laisse séduire ?

On parle de manipulation mentale lorsqu’un individu ou un groupe exerce, d’une façon ou d’une autre, une tentative de contrôle, le plus souvent psychique, sur autrui entraînant une déstabilisation des processus décisionnels, de la capacité à juger, du pouvoir d’auto critique.
Autrement dit, la manipulation mentale est le fait d’obtenir de quelqu’un qu’il fasse ou pense quelque chose, sans qu’il ne s’en aperçoive véritablement, sans qu’il puisse décoder que sa réflexion est hors service.

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Adolescents et jeunes sous influence

Le débat passionné qui a agité le pays ces derniers mois autour de la notion de laïcité s’est nourri du cas polémique de quelques lycéennes réclamant le droit de porter le voile et d’afficher ostensiblement leurs convictions religieuses au sein même de l’école publique, pilier de l’idéal de neutralité républicaine prôné par la France. Cette mise en lumière d’une jeunesse aux convictions si affirmées qu’elle semblait prête à risquer l’exclusion dans l’affirmation de sa singularité, en provoquant l’incompréhension d’une grande partie de l’opinion qui l’a vécue comme une forme d’aliénation, a aussi réveillé chez nombre de parents la crainte de voir leurs enfants tomber sous influence. Dans les formes extrêmes de revendication que prend parfois l’engagement d’un adolescent, et faute d’y adhérer, voire simplement de l’admettre lorsqu’il heurte leurs propres convictions, les adultes voient souvent l’expression d’un processus d’embrigadement contre lequel ils se sentent totalement impuissants.
 

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Dans le cadre des psychothérapies : Déceler les facteurs de risques sectaires

Les questions qui se posent

Le domaine des psychothérapies se prête très mal aux évaluations et les possibilités de dérives de toutes sortes sont fort nombreuses, sans rapport, pour la plupart, avec l’embrigadement sectaire. La première question portera sur la façon de bien circonscrire les objectifs de la prévention dans le champ spécifique du sectarisme.
Une autre question porte sur les analogies et différences entre dépendance aux thérapeutes et emprise d’un groupe sectaire. Par ailleurs, il est important de savoir quelles sont les spécificités d’un contexte thérapeutique par rapport à d’autres contextes impliquant et mobilisateurs inducteurs de changements (contextes religieux et politiques
notamment). (…)

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Radicalisation jihadiste et dérive sectaire

Pour recruter les adolescents et jeunes adultes, garçons comme filles, les groupes terroristes utilisent des techniques de manipulation mentale qui s’apparentent à celles utilisées dans le cadre de l’embrigadement sectaire.

Les autorités se sont donc tournées vers la Miviludes. Comme l’explique Serge Blisko, son président, « il existe des analogies de comportements, par exemple une rupture scolaire ou familiale ».
C’est également sous l’angle sectaire que Dounia Bouzar, fondatrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam, aborde la problématique jihadiste. Elle a analysé cette nouvelle forme de radicalisation et les techniques d’emprise sectaires à travers les témoignages de victimes directes ou collatérales reçues dans son centre.

L’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victime de sectes (UNADFI) et son réseau ADFI sont également amenées à répondre aux familles et aux proches de personnes qui s’engagent dans des organisations jihadistes. Elles ont constaté que le processus sectaire et celui qui conduit à la radicalisation sont similaires. Il se déroule en trois phases caractéristiques : séduction, destruction et reconstruction.

Séduction

Les candidats français sont majoritairement des adolescents et des jeunes majeurs issus de toutes les classes sociales. L’embrigadement par Internet fait que toutes les régions urbaines ou rurales sont concernées. Le processus d’embrigadement est rapide, de six semaines à six mois (avec une moyenne de deux mois).
Afin de toucher les fibres altruistes des filles et aventurières des garçons, le recruteur le plus connu mélange dans ses vidéos des motifs humanitaires et des scènes de jeux vidéo.

Déconstruction

Les recruteurs ont su peaufiner leurs techniques d’endoctrinement en utilisant l’univers de référence du jeune d’aujourd’hui. Ils utilisent des techniques sectaires, détournent la religion, surfent sur les débats de société français et les théories du complot. En général, les recruteurs expliquent aux jeunes que le monde leur ment sur tout : la nourriture, les médicaments, l’histoire et la politique. Cette technique les coupe des adultes, jusqu’ alors référents, et plus généralement de leur environnement d’origine.

Reconstruction

Le nouvel endoctriné va changer de discours, de fréquentation, d’occupations. Ses anciens amis deviennent des « impurs », ses loisirs sont désormais  « des armes du diable ».

Pour contrer les actions de prévention mises en place pour détecter les signes de radicalisation, ces jeunes ont appris à cacher leurs convictions et les différents signes de leur radicalisation, dissimulant ainsi les indices qui pourraient alerter les parents et permettre un travail préventif.

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