Le phénomène des faux souvenirs… Un vrai cauchemar

Depuis quelques années sont parvenus aux ADFI un certain nombre de témoignages révélant l’apparition en France d’un phénomène qui nous paraît constituer un véritable danger pour les familles et l’intégrité de la personne. Apparu aux Etats-Unis au début des années 80, ce phénomène est connu sous le nom de  » mémoire retrouvée  » ou du  » syndrome des faux souvenirs « . Au cours d’une psychothérapie, des souvenirs traumatisants d’abus sexuels ayant eu lieu soi-disant durant l’enfance ressurgissent, vingt ans plus tard, à la mémoire. Pourtant, aucun de ces prétendus souvenirs d’enfance n’aurait existé avant le début de la thérapie. Ainsi, les patients, certains d’avoir retrouvé la cause de leur souffrance interne, accusent leurs parents d’inceste. S’agit-il d’une technique utilisée afin de reconstruire le passé et l’identité d’une personne dans le but de la contrôler, d’exercer son pouvoir et instaurer une relation d’emprise, de la séparer et de l’isoler de sa famille ? S’agit-il d’une dérive où l’acharnement thérapeutique, qui consiste à retrouver à tout prix dans la mémoire des souvenirs grâce à des questions suggestives, à chercher de façon intrusive une parole qui ne vient pas, à se focaliser activement sur la maltraitance et les abus sexuels, démontre une position confuse où se mêlent militantisme et fonction thérapeutique ?

 

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Editorial

Le 10 avril dernier, la commission sénatoriale rendait son rapport « Dérives thérapeutiques et dérives sectaires : la santé en danger », dont Bulles rend compte en deux parties, dans ce numéro et le suivant.

S’appuyant sur les auditions d’un large panel de personnes et une documentation fournie, ce travail très intéressant permet, entre autre, de se faire une idée de la multiplicité et de la variété des propositions de soin présentes aujourd’hui dans notre société. Parmi celles-ci figurent un grand nombre de « pratiques non conventionnelles » qui diffèrent fondamentalement de la médecine conventionnelle par leurs conceptions de la maladie. La commission a fait le constat que la mise en pratique de ces conceptions peut parfois se traduire par des mauvais traitements ; elle peut aussi être à l’origine de l’emprise du « thérapeute » sur son « client ».

Dans les mouvements sectaires, un certain nombre de croyances sous-tendent les diverses théories relatives à la santé. Une adhésion inconditionnelle à de tels mouvements, ou à un gourou, peut apporter aux adeptes convaincus des réponses à leurs questions existentielles et la certitude que les comportements ou actions exigés sont, à long terme, bénéfiques pour soi et pour l’humanité. Elle peut cependant aussi les conduire à « subir des mauvais traitements dégradant leur état physique et mental », ou à être privés de soin. Quels que soient les éventuels doutes de l’adepte sous emprise, la soumission exigée ne lui permet plus de faire un choix personnel libre et raisonné.

La liberté de croyance est une liberté fondamentale, dont on sait aussi qu’elle peut servir d’argument à des abus de pouvoir, comme en témoignent les récits et informations recueillis par nos associations. Les conséquences de ces abus peuvent être lourdes, parfois dramatiques, pour les personnes dont ils « compromettent les chances de guérison, voire de survie ». Peut-on parler de libre choix thérapeutique lorsque un adepte est soumis à des pressions, au chantage affectif, au contrôle de sa vie privée ?

Editorial

De plus en plus de groupes sectaires, quelle que soit leur doctrine d’origine, ont des prétentions à guérir par des moyens autres que ceux proposés par la médecine scientifique. Les victimes sont celles de sectes caractérisées mais aussi de guérisseurs bien intentionnés, de médecins et de paramédicaux abusés notamment par le courant New Age, d’escrocs et de charlatans pas forcément sectaires, du moins pas encore, tout ce monde pratiquant des soins dits « alternatifs » ou « parallèles » qu’il s’agisse de maux de nature somatique ou psychologique. Il faut, en outre, noter que le discours de ces guérisseurs de tout poil revendique des traditions présentées comme ancestrales, traditionnelles, donc qui ont fait leur preuve. Ce discours souvent habillé d’un vocabulaire pseudo-scientifique, s’adresse en priorité aux souffrants de maladies graves que la médecine scientifique a encore du mal à guérir complètement, mais aussi à tous ceux qui voudraient tout simplement être mieux dans leur peau et obtenir plus de performances dans leur vie. Si vous n’obtenez pas le résultat promis, souvent à prix fort, ce n’est pas la compétence du « guérisseur » qui est en cause, c’est votre « manque de foi » …

On pourrait juger paradoxal qu’à une époque où la médecine au cours du vingtième siècle a réalisé de tels progrès et est parvenue à des résultats incontestables (même si certains aspects peuvent être remis en question), l’attrait de nos contemporains pour ces soins émanant de l’irrationnel, de l’ésotérisme, de la pensée magique soit grandissant.

Les causes de l’adhésion à ce discours et à ces pratiques sont multiples. Elles ont été bien étudiées dans l’ouvrage d’Anne Fournier et Michel Monroy « La dérive sectaire » (chp. 5), auquel nous renvoyons le lecteur de Bulles.

Le présent numéro a voulu rendre compte du lien existant entre emprise sectaire et soins inefficaces, voire dangereux.

L’UNADFI, profitant de la publication de ce numéro, émet le souhait que les pouvoirs publics en charge de la santé des citoyens, prennent conscience du danger que représentent les méthodes et pratiques ici dénoncées et qu’ils mettent en oeuvre une action pédagogique salutaire de mise en garde