Dernier recours pour la Scientologie

Le mercredi 4 septembre 2013, la Scientologie a contesté devant la Cour de cassation la condamnation pour « escroquerie en bande organisée » de ses deux principales structures françaises, le Celebrity Centre et la librairie SEL, invoquant une « violation de la liberté religieuse ».
Lire la suite

EDITORIAL

Que Bulles consacre un numéro entier à la Scientologie ne peut étonner nos lecteurs. N’est-ce pas la secte qui donne lieu dans les médias au plus grand nombre d’articles, de comptes-rendus, d’ouvrages, de témoignages ? Elle met tout en œuvre pour vanter ses bienfaits et s’imposer avec audace. Dernièrement, les déclarations de la star Tom Cruise en faveur de la Scientologie, à l’occasion d’interviews devant faire la promotion de films, ont largement contribué à la diffusion des thèses effarantes de cette organisation.
Paradoxalement on peut donc s’interroger sur l’intérêt que nous avons de consacrer de nouveaux articles à ce mouvement, pardon, à cette nouvelle « église » ! En fait la multiplication de ses actions aujourd’hui, habiles moyens de prosélytisme, ne font qu’accentuer un danger que nous dénonçons depuis longtemps. Qui ne souscrirait en effet aux déclarations de la Scientologie quand elle s ‘élève contre l’usage de la drogue en faisant signer des pétitions dans les banlieues et quand elle fait la promotion auprès des jeunes de la défense des droits de l’homme ? Mais au-delà de cette quête fébrile de nouveaux adeptes dissimulée derrière un affichage de bonnes intentions, nous dénonçons un danger plus important : c’est celui que Paul Ariès a étudié dans un ouvrage percutant, paru en 1999, mais toujours d’actualité : La Scientologie, une secte contre la République. A la parution de ce livre, Bulles, dans trois numéros (n° 63,65,66) avait d’ailleurs publié de longs articles de Paul Ariès lui-même reprenant le contenu son l’ouvrage ; le chercheur démontrait magistralement, en s’appuyant sur les textes mêmes de l’organisation, que le gourou fondateur avait inventé des méthodes très éloignées de la démocratie. Paul Ariès intitulait ses chapitres : La Scientologie contre la Liberté, la Scientologie contre l’Egalité, la Scientologie contre la Fraternité.
Ce numéro a pour objectif de présenter les aspects dangereux, pour l’individu et pour la société, de la Dianétique et de la Scientologie à travers leur histoire et leur évolution. Si la secte en effet se contentait de conditionner ses propres adeptes, devenus « des esclaves heureux » , nous ne nous lasserions pas, bien sûr, puisque c’est notre premier rôle, de venir en aide à ces victimes et à leurs familles. Mais devant l’objectif de la secte d’appliquer son idéologie à la société entière, nous nous devons, avec l’aide des pouvoirs publics, de redoubler de vigilance.
Cette attitude, nous l’exerçons d’ailleurs non seulement vis à vis de la Scientologie mais vis à vis de toute entreprise sectaire manifestant une semblable volonté hégémonique et de déshumanisation.

Lobbying de la CCDH auprès des parlementaires

Le 16 septembre 2008, le député Claude Bartelone a attiré l’attention de Mme la ministre de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative « sur la campagne de lobbying contre les internements psychiatriques » menée auprès des parlementaires par la commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH).
Lire la suite

Condamnation confirmée par la Cour d’Appel

Le 2 février 2012, les deux principales structures françaises de la Scientologie ont été condamnées à une amende de 600.000 euros pour « escroquerie en bande organisée » par la cour d’appel de Paris.

Ce jugement confirme la première instance du 27 octobre 2009. Ainsi les amendes infligées au Celebrity Centre et à la librairie Scientologie Espace Liberté (SEL) respectivement de 400.000 et 200.000 euros, sont identiques à celles prononcées lors du premier procès.

En outre, cinq scientologues auxquels la justice reproche d’avoir profité de la vulnérabilité d’anciens adeptes pour leur soutirer de fortes sommes d’argent ont également été condamnés. Leurs peines vont de 10.000 euros d’amende à deux ans de prison avec sursis et 30.000 euros d’amende.

L’arrêt devra être publié dans cinq grands quotidiens

Pour Me Olivier Morice, avocat de l’UNADFI dont la constitution de partie civile a été jugée irrecevable par le tribunal, il s’agit « d’une décision historique » car « c’est la première fois en France que la Scientologie est condamnée en tant que personne morale pour escroquerie en bande organisée ».
_ En effet, pour la première fois, « la justice française écrit dans un arrêt que les activités scientologues sont en elles-mêmes une entreprise d’escroquerie ».
_ Il ajoute que ce jugement était attendu « par de nombreux pays qui luttent contre les dérives sectaires », citant l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, l’Italie, l’Australie et les Etats-Unis.

A l’extérieur de la salle, trois personnes se présentant comme des membres des Anonymous ont salué cette décision. « La France est le berceau de la laïcité. C’est une décision historique » s’est félicité l’un d’entre eux.

De leur côté, plusieurs dizaines de scientologues manifestaient devant le palais de justice de Paris pour protester contre les condamnations, brandissant des pancartes proclamant « j’ai droit à ma religion », « Non à un procès en hérésie » et « Non à une justice sous influence ».

La Scientologie a annoncé qu’elle se pourvoyait « immédiatement » en cassation contre l’arrêt de la cour d’appel. L’un de ses avocats, Me Michel de Guillenchmidt, a assuré que, si l’organisation française n’obtenait pas gain de cause en cassation, elle était prête à aller devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

 

Lire la suite