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Le journaliste Thomas Huchon invité par l’Adfi Aube et l’Upop

Invité à l’initiative de l’Adfi Aube et de l’Université Populaire de l’Aube fin novembre, le journaliste Thomas Huchon est intervenu sur le complotisme lors d’une conférence donnée à la Maison du patrimoine de St Julien les Villas.

Thomas Huchon a expliqué les mécanismes du complotisme et le rôle des réseaux sociaux dans la propagation des théories conspirationnistes.

Interrogé sur les prochaines élections présidentielles, il a pointé trois risques majeurs induis par le complotisme : l’apparition d’un nouveau candidat 100% complotiste, l’utilisation d’arguments complotistes par des candidats et « l’émergence en permanence de fausses informations qui vont créer un débat dans lequel on ne peut pas discuter. »

Une vingtaine d’antivax s’étaient réunis à l’extérieur du bâtiment pour manifester leur opposition à la vaccination. Certains d’entre eux sont entrés pour tenter de monopoliser la parole au moment des questions, dont une représentante de Réinfo Covid, se présentant comme juriste bac +9, et un pharmacien. 

(Source : L’Est Eclair, 05.12.2021)

La FLDS condamnée à payer 1 million d’euros pour avoir violé les lois sur le travail des enfants

Le juge du tribunal de district de l’Utah a condamné l’Église fondamentaliste de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (FLDS) et deux de ses membres à payer un million de dollars pour avoir enfreint les lois sur le travail des enfants.

L’évêque Lyle Jeffs devra verser 312 079,30 dollars d’arriérés de salaire et 312 079,30 dollars de dommages et intérêts aux victimes. Quant à l’Eglise et Brian Jessop, le dirigeant de Paragon Contractors, la société qui employait les enfants illégalement pour récolter des noix de pécans, ils devront s’acquitter d’un autre arriéré de salaire de 281 336,32 dollars.

L’affaire avait éclaté en 2012 à la suite de la diffusion d’une vidéo montrant des femmes et des enfants occupés à la récolte de noix de pécan dans une ferme du sud de l’Utah. Le Département américain du travail avait alors déposé une plainte. Selon des documents judiciaires rendus publiques en 2019, la société aurait utilisé des enfants sans les rémunérer entre 2008 et 2013.

Jeffs et Jessop n’avaient pas documenté les heures travaillées dans le ranch, et avaient refusé de fournir les noms des employés ce qui a obligé le département du travail à lancer un appel pour retrouver toutes les victimes.

Lyle Jeffs, qui avait été déjà condamné en 20171 pour une fraude aux bons alimentaires, est le frère de Warren Jeffs, ancien dirigeant de l’église, qui purge une peine à perpétuité pour agressions sexuelles.

La FLDS est une dissidence de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (ormons), qui pratique encore la polygamie au sein de communautés fermées.  (Source : KSL.com, 30.10.2021)

1. Lire sur le site de l’Unadfi, La condamnation de Lyle Jeffs enfin prononcée : https://unadfi.eldapps.com/non-classe/la-condamnation-de-lyle-jeffs-enfin-prononcee/

Pour en savoir plus sur cette affaire, lire sur le site de l’Unadfi :

La FLDS une nouvelle fois dans le collimateur de la justice : https://unadfi.eldapps.com/actualites/groupes-et-mouvances/la-flds-une-nouvelle-fois-dans-le-collimateur-de-la-justice/

Nouvelle condamnation de la société Parangon : https://unadfi.eldapps.com/actualites/groupes-et-mouvances/nouvelle-condamnation-de-la-societe-parangon/

Validation de la mise en examen

A Saint-Denis de la réunion, la chambre d’instruction a rejeté la requête en nullité de la mise en examen d’Extravagance en qualité de personne morale. L’association sera bien poursuivie par la justice des faits de dérives sectaires à l’encontre d’anciens fidèles.

L’avocat d’Extravagance avait contesté la régularité de la procédure stipulant que les mises en examen de l’Eglise et de son leader n’auraient pas dû être prononcées conjointement et auraient dû faire l’objet de deux rendez-vous différents. La chambre d’instruction a jugé qu’aucune entorse n’avait été commise.

En outre, l’association avait fait appel de l’obligation de versement d’une caution de 60 000€, ce qui a aussi été rejeté par le juge d’instruction.  L’église avait alors réussi à réunir les fonds grâce au soutien financier de ses fidèles.   (Source : Clicanoo, 17.11.2021)

L’anthroposophie, un frein à la vaccination ?

Publiées récemment, des statistiques sur la vaccination ont montré que la zone germanophone a le taux de vaccination le plus faible d’Europe. Le Midi Libre à s’interroge sur d’éventuels liens de cause à effet avec la large implantation de l’anthroposophie dans cette aire géographique. Une interrogation largement partagée par la presse allemande.

Fondée au début du XXe siècle par l’ancien théosophe Rudolf Steiner, l’anthroposophie est un mélange de croyances chrétiennes, new age, hindouistes, mêlées de karma et d’occultistes. Si le siège central de l’organisation est situé à Dornach en Suisse, le mouvement est constitué de différentes structures fonctionnant de manière indépendante explique Ansgar Martins, professeur de philosophie des religions à l’université Goethe à Francfort. Néanmoins, présentes dans les secteurs bancaire, agricole, médical et scolaire, ces structures ont donné un large champ de diffusion aux concepts de l’anthroposophie dans la société.

Grand admirateur de Goethe, Rudolf Steiner a puisé aussi ses idées dans le courant romantique proche de la nature et critique de l’ère moderne. Selon Tobias Rapp, journaliste du Spiegel et ancien élève d’une école Waldorf, pour Steiner rien n’est impossible et des forces surnaturelles avec lesquelles il faut composer sont constamment à l’œuvre. C’est pour s’attirer leurs bonnes grâces qu’une série de rituels a été conçue par Rudolf Steiner. Ainsi, selon der Spiegel, l’agriculture biodynamique n’est pas seulement écologique, elle est ésotérique. Dans les laboratoires Weleda l’eau dans laquelle les substances sont dissoutes doit être secouée d’une certaine manière afin qu’elles puissent développer leur pouvoir.

Dans ce monde où tout a un sens, la maladie n’échappe pas à la règle. D’après des passages de l’œuvre de Steiner, les maladies doivent avant tout être combattues spirituellement pour permettre à l’âme d’évoluer et éventuellement « d’expier les méfaits des vies antérieures », explique Michael Blume, spécialiste des religions et commissaire à la lutte contre l’antisémitisme dans la région allemande du Bade-Wurtemberg. En outre, selon les croyances de Rudolf Steiner, ceux qui se font vacciner peuvent devenir sourds au message karmique ce qui explique le scepticisme des anthroposophes les plus convaincus envers la médecine conventionnelle et leur réticence à la vaccination.

Il est important de ne pas empêcher les enfants d’être malades car la maladie aurait pour vertu de favoriser leur développement en renforçant leur corps mais aussi leur âme.

Est-ce à cause de cette perception de la maladie que tant d’écoles Steiner ont été touchées par des épidémies de rougeole et sont aujourd’hui le foyer de contamination de Covid-19 ? Cela a été le cas fin novembre 2021 en Allemagne dans l’école Steiner de Borchen où 41 élèves et 12 enseignants ont été infectés par la Covid-19, ou dans celle de Fribourg où plus de 44 élèves et spectateurs d’un spectacle de cirque donné par l’école ont été infectés. Après enquête, l’inspection scolaire de Fribourg a découvert que 55 élèves et professeurs avaient été exemptés du port du masque. Les certificats avaient été réalisés dans des cliniques privées situées à Berlin et en Bavière et seuls trois d’entre eux étaient valides.

La presse a également rapporté le cas de médecins liés au mouvement qui ont « émis publiquement des doutes sur la réalité de la pandémie ou sur l’efficacité du vaccin » et ont préféré miser sur des traitements comme la poudre de météorite pour soigner la Covid.

Ainsi, pointe Tobias Rapp dans der Spiegel, les enseignements de Rudolf Steiner ont peut-être « un impact plus important sur notre société que beaucoup de gens ne le soupçonnent ».  (Sources : Der Spiegel, 15.11.2021 & Midi Libre, 23.11.2021)

« Amour et Miséricorde » : la parole des témoins

Le groupe de prière fondé par la « voyante », Eliane Deschamps, jugée pour abus de faiblesse, est décrit dès 2002 par plusieurs témoins et proches de ses adeptes comme un collectif qui joue sur la manipulation mentale de ses fidèles.

Une des parties civiles au procès, Marie-France, explique avoir dès cette époque perdue tout contact avec son fils. Il lui avait annoncé qu’il avait « envie de changer d’air […] pour se rapprocher du groupe Amour et Miséricorde ». « Il est devenu très distant, le dialogue était impossible ». à
45 ans, il est resté membre et adepte de la communauté et a coupé les relations avec sa mère.

Magalie Breux, une des filles de la « voyante », a quitté le groupe au bout de dix ans. Elle raconte les visions de sa mère, ses « apparitions » de la vierge, les pèlerinages et les défilés des fidèles dans la maison familiale. Elle décrit les brimades, les humiliations et l’emprise que sa mère a exercée sur elle. « On n’avait pas de vie sociale en dehors de la communauté ». Ce qu’elle décrit semble être un processus avéré d’emprise, de rupture, mais aussi de pression financière. « Jésus prend possession de son corps et lui dit que les adeptes doivent se détacher de leurs biens les plus chers ». Les adeptes devaient en effet donner leurs bijoux ou des tableaux et versaient une pension de 300 à 350 euros par mois, parfois même déposaient régulièrement des sommes allant jusqu’à 5 000 euros.

« J’ai eu une vie d’esclave pendant dix ans : je faisais le ménage tous les jours à fond, je faisais la cuisine, j’obéissais, j’étais en soumission totale, sous emprise », témoigne à la barre Brigitte Delecourt, autre adepte pendant dix ans.

A l’inverse de ces témoignages, certains membres actuels de la secte sont venus au procès pour tenter de convaincre de leur « liberté », assurant qu’ils ne se considéraient ni sous emprise ni sous influence.

Un des avocats des parties civiles fustigent ces témoignages « positifs », qui relèvent selon lui d’une « entreprise cosmétique » visant à masquer l’emprise.

« Eliane dirigeait tout », dit Gwenola Boucher-Doigneau, ex-adepte, qui a quitté la secte à 25 ans. « Je la divinisais, j’aurais tout fait pour elle. Je me serais jetée d’une falaise si elle me l’avait demandé ». Elle raconte que la gourelle lui avait, entre autres, interdit de demander une péridurale lors d’un accouchement. Elle l’avait également forcée à rédiger une lettre à son père pour lui faire savoir « qu’il n’était plus son père ».

La sœur de Gwenola, Isabelle, et sa mère Brigitte avaient rejoint le groupe. « On était tous collés à Eliane comme la bernique à son rocher », dit cette dernière. Pierre, son mari et père de Gwenola, qui a tout fait pour faire sortir sa famille du groupe, analyse comment l’emprise a pu s’opérer. « Tout s’est fait progressivement, par la séduction ».

« C’est une véritable fabrique de l’état de faiblesse », explique une psychologue spécialiste du fait sectaire citée à la barre lors du procès. « L’individu passe de sujet à objet à travers la coupure avec son réseau d’appartenance ».   (Sources : Le Figaro, 23.11.2021 & France Bleu Bourgogne, 22.11.2021 & Le Parisien, 22.11.2021 & elle.fr, 23.11.2021 & TV5Monde, 22.11.2021)

Procès de la fondatrice du groupe de prière « Amour et Miséricorde »

Une femme gourou, Eliane Deschamps, 67 ans, fondatrice en 1999 de la secte présumée « Amour et Miséricorde», est jugée pour abus de faiblesse au tribunal judiciaire de Dijon. Elle prétend avoir vu et entendu la vierge et incarner un renouveau charismatique, enrôlant sous sa coupe des adeptes dans toute la France.

Elle se faisait appeler « la servante » ou « la voyante ». Après vingt ans de procédure, elle est jugée pour abus de faiblesse avec un autre membre de sa communauté, Daniel Delestrac, 75 ans, son « bras droit », ancien membre de l’Eglise de Scientologie. Ils sont accusés d’emprise et de comportements constitutifs de dérives sectaires.

Cette longue saga judiciaire témoigne des difficultés à caractériser ce type d’infraction. Marie Drilhon, vice-présidente de l’UNADFI, explique que « ce sont des dossiers compliqués à judiciariser parce qu’établir la preuve de l’emprise mentale sur des personnes majeures reste complexe.  Ce sont des groupes fermés, il n’y a pas de témoin direct, pas de traces pouvant caractériser l’abus de faiblesse ».

Dans ce procès, une douzaine de personnes, des anciens membres ou leurs proches, se portent partie civile.

Dès 2002, l’archevêque de Dijon avait interdit à la prévenue de faire du prosélytisme autour de ses supposées « apparitions ». En 2008, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) avait alerté sur « une structure non reconnue par l’Eglise et un groupe soumis à l’autorité de sa  » voyante  » qui tend à se refermer sur lui-même. » Des premières plaintes sont alors déposées mais aboutissent à un non-lieu. Après de nombreuses nouvelles plaintes, une information judiciaire est de nouveau ouverte en 2014. Interpellée sur les rebondissements de cette affaire, la Miviludes reconnait des comportements constitutifs de dérives sectaires.

Les trois axes judiciaires du procès concernent l’abus de faiblesse, l’abus de confiance et l’extorsion de fonds. Selon l’accusation, la prévenue a enfermé les membres de sa secte dans une « prison spirituelle ». Jérémy Demay, journaliste indépendant, auteur d’un ouvrage sur l’affaire, pointe également les dérives d’ordre financier, montrant que les membres de la communauté sont incités à céder leurs biens et à verser des pensions conséquentes. Des soupçons de détournement d’héritage ont aussi fait l’objet de discussions lors du procès.

Les prévenus étaient passibles de cinq ans d’emprisonnement et 750 000 Euros d’amende. L’état de santé d’Eliane Deschamps ayant été jugé peu compatible avec un emprisonnement, un an de prison avec sursis a été requis au final. (Sources : Le Figaro, 23.11.2021 & TV5Monde, 23.11.2021 & 20 Minutes, 22.11.2021 & France Bleu Bourgogne, 22.11.2021 & Le Parisien, 22.11.2021)

La bonne santé des dérives sectaires

Pascale Duval, porte-parole de l’Unadfi, et Stéphane François, professeur de science politique à l’université de Mons, ont été invités par France Culture à l’émission Sous les radars consacrée aux dérives sectaires dans le champ de la santé et du bien-être, des domaines que beaucoup pourraient penser sans risques.

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