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Editorial

Au cours de l’été 2002, la presse quotidienne nous apprenait qu’aux USA un gamin de douze ans entrait dans son collège porteur d’une arme. La direction de l’école s’y est opposée. Ce garçon, soutenu par ses parents, membres de la secte POUM (sic), d’inspiration indienne, dirigée par le Révérend…, insista pour continuer, en arguant d’une obligation dans sa religion. L’affaire fut déférée à la justice, et celle-ci donna satisfaction au porteur d’arme, dans un contexte où, par surcroît personne ne peut plus ignorer le drame de Columbine, notamment depuis le film (Bowling for Columbine).
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Editorial

Depuis leur création par des familles touchées de plein fouet par le phénomène sectaire, les ADFI reçoivent quotidiennement les témoignages des dégâts familiaux provoqués par l’emprise sectaire : parents rejetés brutalement sous des prétextes mensongers, conjoint exclu parce qu’il n’adhère pas à une doctrine nouvellement révélée, enfants éloignés de leurs parents pour cause d’influence impure, voire satanique, grands-parents privés des contacts avec leurs petits enfants, etc.

En effet, les mouvements sectaires ou les « maîtres » détenant une vérité révélée exclusive, après avoir subtilement discrédité les liens familiaux, vont imposer à leurs membres des règles de vie rendant ces liens difficiles. C’est ce dont ont voulu témoigner, par leur déclaration collective, des parents ayant un enfant dans le mouvement Solidarité et Progrès ; c’est aussi ce qui a conduit un ancien Témoin de Jéhovah à saisir la justice pour faire reconnaître la discrimination dont il est l’objet de la part de son ancienne congrégation.

La plupart du temps, les proches sont les premiers à s’inquiéter des effets d’une emprise sectaire, et se sentent totalement démunis. Toute la difficulté est, en effet, d’évaluer la gravité de la situation et de trouver la bonne stratégie pour contrer la manipulation dont leur proche est l’objet. Le témoignage d’un père, dont on lira la troisième et dernière partie dans ce numéro, montre que la mobilisation de l’entourage proche, jointe à l’aide de personnes expérimentées peuvent permettre d’éviter la rupture et l’embrigadement.

Mais, le plus souvent, il n’a pas été possible d’arrêter la dérive et la famille va vivre des moments difficiles, se sentant coupable et impuissante. La rencontre avec d’autres personnes vivant les mêmes problèmes, l’aide trouvée auprès des associations et des professionnels compétents, peuvent lui permettre de dépasser ces sentiments pour affronter plus sereinement la situation et être là lorsque, peut-être, l’adepte aura besoin de sa famille.

Editorial

Il y a trente-cinq ans que les premières familles se sont insurgées puis regroupées pour lutter contre les nouvelles sectes. Aujourd’hui, on constate que la question des atteintes aux droits de l’homme par des mouvements sectaires (petits ou grands…) est mieux connue du grand public et qu’elle est prise en compte par les autorités de plusieurs pays.

Ayant su discerner les objectifs totalitaires de tels mouvements, et refusant de rester de simples spectateurs de l’exploitation morale, physique et affective de leur proche, ces familles ont ensemble créé des associations qui, fortes d’une expérience acquise au long des années, accueillent, soutiennent, informent, alertent aujourd’hui encore…

Mais la situation reste préoccupante, comme le soulignent, dans ce numéro de Bulles, le président et les différentes associations de la FECRIS, l’avocat Graham Berry aux Etats-Unis ou Pascal Zivi au Japon.

Toujours présentes, certaines sectes internationales, plus discrètes pendant un temps, profitent de la crise actuelle pour étendre leur pouvoir sur de nouveaux venus.
Dilués dans un réseau de petites associations aux activités très variées, souvent dirigées par d’anciens cadres de sectes, d’autres groupes se développent.

L’ensemble continue à collecter des sommes d’argent considérables et, dans de nombreux cas, parvient à influencer les pouvoirs politiques.

Partout une défense s’organise, bien que les moyens matériels des familles et des associations de bénévoles soient très faibles et que les sectes (et leurs apologistes…) brandissent l’atteinte à la liberté de croyance pour tenter d’interdire la critique. Mais vouloir dénoncer les abus de pouvoir et les atteintes aux libertés présente parfois de réels risques, comme ceux pris par les Anonymous en dénonçant le traitement d’exception qu’a obtenu la Scientologie aux Etats-Unis.

Anciens adeptes, familles, associations, tous témoignent de la nécessité de ne pas renoncer à dénoncer les atteintes au respect et à la dignité des personnes. Avec le soutien officiel de personnes lucides au sein des pouvoirs publics et des institutions, il nous faut tenir bon, continuer à informer et prévenir, et faire entendre la voix des victimes pour faire avancer la législation et la jurisprudence.

Australie : C.I.F.S

CIFS is an Australian support and information network. CIFS was initially formed by parents and family members of loved ones caught up in abusive groups.
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Éditorial

La période estivale (2002) a connu quelques faits marquants : des décisions de justice qui démontrent la difficulté qu’ont encore certaines instances à saisir la dangerosité sectaire, dans le même temps où une micro-secte de l’Ouest de la France était le théâtre d’événements dramatiques que la presse, dans son ensemble, analysait avec beaucoup d’objectivité et une profonde humanité.

Le milieu médical profondément choqué par une décision d’un tribunal administratif, dont la logique reviendrait à priver de mère un enfant nouveau-né, a réagi et a clairement manifesté son émotion renforçant ainsi la légitimité de l’analyse que nous menons dans nos associations depuis plusieurs décennies.

Le soutien et l’accompagnement des victimes que nous avons assurés lors des drames de ce mois d’août montrent que notre action sur le terrain est plus que jamais nécessaire et utile.

La sensibilisation immédiate des Autorités dans le Gard et l’Hérault aux risques de récupérations sectaires à l’occasion des inondations de septembre a permis de prévenir efficacement les infiltrations qu’avaient connues Toulouse lors de l’explosion de l’usine AZF et l’Aude lors des inondations d’il y a quelques années.

Tout cela a fait passer au second plan les changements que l’U.N.A.D.F.I. a connus cet été : élection d’un nouveau Bureau composé de sept membres issus des ADFI du Nord, de l’Ouest et du Sud de la France et surtout le renforcement du Service de Documentation structuré autour de pôles d’intérêts, qui permettra de renforcer la synergie des diverses ADFI ainsi que l’action de l’Union Nationale.

Les modifications attendues par l’ensemble des A.D.F.I. au niveau d’une meilleure lisibilité des structures et de leur fonctionnement sont en cours de réalisation. Ce n’est pas le lieu, ici, d’aborder ces changements, mais ils sont le signe d’une nouvelle impulsion et d’un renforcement de l’action que nous menons.

Notre détermination à continuer d’aider les victimes de sectes et à prévenir de la dangerosité des groupes sectaires s’inscrit dans la continuité de l’action menée.

Editorial

C’est compter sans la difficulté de fournir devant la justice des preuves recevables
de ces abus, difficulté d’autant plus grande que les techniques de communication
et d’influence, largement utilisées dans tous les domaines de la vie publique et privée, ne cessent de gagner en subtilité… et efficacité.
C’est aussi compter sans le pouvoir et la capacité des manipulateurs (groupes ou individus) de rendre très difficile le recours à la justice de la part de leurs « adeptes ».

Il faut beaucoup de courage et de lucidité à une victime pour porter en justice un contentieux avec une de ces sectes qui revendique à son profit le respect des libertés qu’elle dénie à ses adeptes.

Il faut du courage à qui ose attaquer une organisation sectaire financièrement puissante. Pour ne pas perdre, celle-ci mobilise des avocats habiles à faire traîner la procédure, et active ses réseaux pour décourager les témoins, tenter d’influencer les experts -voire les juges, comme le rappelle à propos des USA, l’avocat américain Graham Berry (voir p.9).

Il faut du courage à un ancien adepte pour surmonter ses sentiments de culpabilité
et de honte et affronter la pression morale du groupe et du gourou qui connaît généralement tout de lui. Il court le risque de ne pas être entendu ni compris, un non-lieu pouvant alors représenter pour lui une deuxième peine.

Il faut du courage à un parent désireux de soustraire ses enfants à un embrigadement précoce, de la ténacité aussi, pour se faire entendre sans être accusé d’atteinte à la liberté de croyance (voir p. 3).

Accompagnant familles et ex-adeptes depuis de longues années, nos associations savent combien l’action de la justice est indispensable pour redonner leur dignité aux victimes, pour mettre une limite à la toute puissance des gourous, pour protéger les personnes les plus vulnérables, tout particulièrement les enfants.