Editorial

Ce nouveau numéro de Bulles s’ouvre sur un hommage à Mimi Lassere qui participa,
dès le début, à l’histoire des associations de victimes du phénomène sectaire.

L’évocation d’un parcours de près de quarante années d’accompagnement des victimes, de combat contre les atteintes aux libertés fondamentales, d’information et de prévention sur les « organisations à caractère sectaire » nous invite à jeter un regard sur l’évolution du paysage sectaire d’une part, les progrès dans la connaissance et la compréhension de l’emprise mentale d’autre part.

Aujourd’hui, le phénomène sectaire a considérablement évolué et les thèmes qui trouvent un écho auprès de potentiels adeptes ne relèvent plus seulement du religieux, ou du spirituel au sens large : les offres se sont multipliées en s’adaptant
aux demandes dans les domaines de la santé, du bien-être, du développement personnel ou de la formation professionnelle. Des petits groupes naissent et se développent, des réseaux se forment avant que l’on ait pu détecter les risques liés à l’emprise… qui, eux, n’ont pas changé : destruction des liens de la personne avec sa propre histoire, avec sa famille et ses proches, avec la vie sociale.

Parallèlement, la connaissance des mécanismes d’emprise s’est affinée, les pouvoirs
publics et les élus, en France et en Belgique en particulier, ont pris conscience de la nécessité de protéger tant les personnes que la société de ces atteintes aux droits de l’homme, tout en respectant les croyances. La loi About-Picard de juin 2001 a été une étape importante dans cette démarche ; enfin, une liste de dix critères, établie par le Professeur Parquet, psychiatre ayant une longue expérience du phénomène, permet de repérer l’emprise mentale en s’appuyant « sur des éléments observables par tous », et pouvant « être utilisée par les enquêteurs, experts et magistrats en assurant une cohérence »[1].

Le lecteur trouvera dans ce numéro la liste de ces critères, dont cinq doivent être retrouvés pour porter le diagnostic d’emprise mentale et, dès lors, exercer une vigilance accrue.

[1] L’emprise mentale – Une définition opératoire, Philippe-Jean Parquet, Justice actualités numéro 8/2013, École Nationale de la Magistrature

Claire Champollion

Dans le dernier numéro de BULLES qui fêtait les 20 ans de ce bulletin, le nom de Claire Champollion n’apparaissait qu’une fois mentionnant l’interview publiée en 1992 dans le numéro 33 . Nous avons bien plus à en dire.
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Editorial

Devant cet inquiétant tableau, nous ne pouvons que nous réjouir que l’année 2007 ait été particulièrement riche des interventions de la FECRIS (Fédération Européenne des Centres de Recherche et d’Information sur le Sectarisme) et de l’UNADFI, invités par des organismes européens. Nous rendons compte dans ce numéro de l’essentiel du contenu de certaines interventions :
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Editorial

Le développement des outils de communication, particulièrement d’Internet, permettant aujourd’hui de s’informer rapidement et largement, on peut s’étonner qu’il y ait encore des personnes pour croire et suivre des « gourous » en tout genre et se retrouver sous leur emprise jusqu’à subir de graves préjudices non seulement matériels mais aussi moraux, psychologiques, affectifs.

Bien sûr, on peut penser que les manipulateurs profitent de la crise économique et d’un certain désarroi idéologique, pour proposer des réponses (mauvaises) aux multiples questions que chacun peut se poser. Mais il faut aussi constater que sectes et escrocs s’adaptent avec aisance aux mutations des sociétés, et qu’ils savent habilement utiliser à leur avantage des psychotechniques en plein essor.

« Les sectes avancent masquées » prévenait-on déjà il y a quelques années. Aujourd’hui, il faut ajouter que leur terrain d’action s’est élargi, en particulier aux domaines de la santé et du développement personnel, et qu’il est plus difficile de détecter un masque dans une société de plus en plus diversifiée.

Il faut pourtant faire l’effort de soulever les masques, car une proposition séduisante peut se révéler un véritable piège. Plusieurs articles de ce numéro de Bulles permettent d’appréhender un peu plus cet « envers du décor » qu’il importe de connaître avant de s’engager.

Par exemple, le néophyte séduit par la proposition scientologue d’améliorer ses performances et sa maîtrise des situations, sait-il que l’appartenance à cette organisation, qui se prétend église, est liée à l’application rigoureuse de
règlements internes bien éloignés des valeurs qui fondent nos démocraties ? C’est ce que rappelle l’avocat américain Graham Berry, en relatant la naissance et
l’action du mouvement des Anonymous : mouvement lancé aux Etat-Unis, et maintenant présent dans le monde entier, par des citoyens indignés des procédés de la Scientologie pour maintenir son statut et éliminer toute opposition. Leur signe de ralliement : un masque ! Mais bien identifiable, celui-là, parce que destiné à contrer les méthodes scientologues et non pas à masquer un autre but.

L’endoctrinement à l’Anthroposophie dans les écoles Steiner-Waldorf

S’appuyant sur son expérience à l’intérieur du « mouvement anthroposophe », illustrant son analyse de nombreux exemples, l’auteur dévoile les bases implicites de l’enseignement dans les écoles Steiner-Waldorf et permet ainsi de mieux comprendre le paradoxe souvent perçu de l’extérieur, d’une pédagogie de l’éveil attractive et d’un système de pensée fermé qui génère des dérives et rend difficile une ouverture au « monde extérieur ».

Le texte qui suit rend compte d’une partie de ce témoignage que le lecteur trouvera beaucoup d’intérêt à lire dans sa version complète, publiée sur ce site.

L’Anthroposophie est la doctrine de Rudolf Steiner (1861-1925), philosophe, théosophe, mystique et pédagogue du début du XXème siècle, originaire d’Autriche-Hongrie. La Société Anthroposophique, association qui se donne pour mission de propager cette doctrine ésotérique, est issue d’une scission intervenue en 1913 au sein de la Société Théosophique. La doctrine de Rudolf Steiner comporte un vaste
enseignement d’ordre gnostique comprenant des éléments aussi divers que la réincarnation et le karma, la nature solaire du Christ, les différents corps subtils de l’Homme etc. Mais cette doctrine n’est pas seulement un ensemble théorique.

Rudolf Steiner a également proposé les bases de nouvelles activités dont certaines ont connu un succès planétaire : parmi celles-ci, on peut citer les produits cosmétiques de la firme Weleda, l’agriculture biodynamique, et la pédagogie Steiner-Waldorf .[…]

 

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Editorial

Ceci est un extrait de l’éditorial du premier BULLES, le n° zéro, paru au printemps 1983, c’est à dire huit ans après la création des premières ADFI. Les conditions de rédaction et de parution de ce numéro relevaient de l’artisanat : articles tapés à la machine, ronéotypés, reliés manuellement, etc.
La situation a, en effet, bien évolué depuis la parution de ce premier numéro ; nous nous en réjouissons et les fondateurs de l’UNADFI et auteurs de cette première parution peuvent constater, vingt ans plus tard, que nous ne sommes plus tout à fait seuls à analyser ce phénomène de la société contemporaine et à soutenir notre objectif essentiel : l’aide aux victimes de sectes.

En effet, notre association n’est plus la seule source d’information sur le phénomène sectaire. Les médias s’en sont largement, depuis lors, fait l’écho. La société a pris conscience qu’elle était concernée. Les pouvoirs publics ont réagi : deux commissions d’enquêtes parlementaires ont rassemblé tous les courants politiques représentés au Parlement, la Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes (MILS) a été créée. La loi About-Picard a également été votée en juin 2001 à l’unanimité du Sénat et de l’Assemblée Nationale, donnant une nouvelle définition pénale de la « mise en état de sujétion ». Depuis, la MILS a été reconduite sous un nouveau sigle : Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES).

Pour revenir aux liens avec les médias, signalons que, à l’origine, les sources d’information étaient rares et la documentation de l’UNADFI était déjà largement mise à la disposition des journalistes. Très rapidement la télévision, la radio et la presse écrite ont fait appel aux bénévoles de l’UNADFI et des ADFI régionales. Il est vrai également que BULLES rend compte de nouveaux événements relatifs aux dérives sectaires à partir d’articles de presse et d’émissions de télévision ou de radio.

Bulles reste fidèle à la position adoptée dès le début, à savoir : toucher un public aussi large que possible et pour cela faire paraître des articles de niveaux très divers.

Pour célébrer ses vingt ans, BULLES a voulu marquer cet anniversaire par un numéro qui donne la parole à tous ceux qui font les ADFI aujourd’hui et dont certains sont des pionniers, toujours sur la brèche depuis la création des premiers ADFI. Leurs témoignages, avons-nous pensé, vont permettre à nos abonnés et lecteurs occasionnels de se faire une idée plus précise de l’action des bénévoles de nos associations et ainsi créer un certain rapprochement.

Enfin, pour revenir aux souhaits manifestés par les premiers rédacteurs de BULLES, nous osons espérer que nos abonnés d’aujourd’hui trouvent dans notre revue une source enrichissante d’information, de réflexion et d’analyse.

Editorial – Bulles N°98

Les responsables de sectes et leurs organisations complices, quand ils ont l’occasion de s’exprimer dans les médias ou à travers leur propre littérature, ont l’habitude de qualifier les membres qui les ont quittés et qui témoignent de leur triste expérience, tout simplement de « mécontents ».

Ces derniers, eux, s’estiment être des victimes trompées, exploitées et abusées par des organisations totalitaires. Il arrive aussi que les sectes, et certains sociologues des religions, aient recours à un vocabulaire religieux et, désignant les victimes, ne parlent plus de mécontents, mais d’apostats ou de renégats, deux termes qui, en effet, se réfèrent à la sphère religieuse et qui évoquent la trahison, le reniement, c’est à dire l’abandon de croyances et d‘une foi jurée.

Devant ces termes qui à une certaine époque (mais aujourd’hui aussi dans certains pays) condamnaient violemment des êtres parjures, nous ne pouvons que nous étonner ; car enfin, les personnes que les ADFI reçoivent, les témoignages que nous entendons, ne parlent pas de croyances. Si on vient chercher compréhension et soutien, c’est pour exprimer une souffrance, mais jamais pour avoir cru aux Thétans, aux Elohims ou autres entités surnaturelles. Nous ne connaissons tout simplement que des victimes de techniques de mise sous influence, de manipulation mentale.

En appui à cette argumentation nous pouvons également affirmer que nous n’avons jamais eu l’occasion de recevoir des plaintes de la part de fidèles qui se sont éloignés de l’Eglise Catholique ou de l’Eglise Réformée par exemple. Nous n’avons jamais rencontré ce genre de « mécontents ». Autrement dit nous ne connaissons que des victimes de sectes et non de religions.

Comment la Scientologie traite la critique extérieure

Depuis plus de 20 ans, l’avocat américain Graham E. Berry lutte contre le comportement illégal de la Scientologie et dénonce le fait que cette dernière ait réussi en 1993, par des pressions inouïes auprès de l’Administration des Etats-Unis, à obtenir des avantages considérables. Lui ont été accordés d’une part l’annulation de sa dette fiscale de 500 M$, pour taxes impayées et condamnations en justice, d’autre part un statut de « religion exonérée de l’impôt fédéral », ce qu’aucune religion américaine traditionnelle ou nouvelle n’a jamais obtenu. Face à cette entreprise, qu’il qualifie de groupe international criminel, il rend hommage au courage et à l’intelligence du mouvement des Anonymous.

Bulles publie, en deux parties, la traduction de son intervention du 4 décembre 2009 devant le Groupe de Travail Scientologie de Hambourg, en Allemagne. Le texte original est publié sur le site de Graham Berry , avec toutes les références en notes, indiquées ici entre crochets.

Je tiens à remercier le Land de Hambourg et Madame Ursula Caberta de m’avoir invité à donner mon opinion sur la façon dont l’Eglise de Scientologie traite ses critiques externes.

Ma réponse est courte : la Scientologie traite la critique externe en attaquant son auteur et en essayant de le détruire par des dénis, des mensonges, de la confusion, et de la diffamation. Toutefois, le critique doit être personnellement identifié avant d’être personnellement détruit. Le grand succès des Anonymous a été l’anonymat. Le masque des Anonymous est devenu le support de la libre parole critiquant la secte de l’extérieur. (…)

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