Australie : C.I.F.S

CIFS is an Australian support and information network. CIFS was initially formed by parents and family members of loved ones caught up in abusive groups.
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Éditorial

La période estivale (2002) a connu quelques faits marquants : des décisions de justice qui démontrent la difficulté qu’ont encore certaines instances à saisir la dangerosité sectaire, dans le même temps où une micro-secte de l’Ouest de la France était le théâtre d’événements dramatiques que la presse, dans son ensemble, analysait avec beaucoup d’objectivité et une profonde humanité.

Le milieu médical profondément choqué par une décision d’un tribunal administratif, dont la logique reviendrait à priver de mère un enfant nouveau-né, a réagi et a clairement manifesté son émotion renforçant ainsi la légitimité de l’analyse que nous menons dans nos associations depuis plusieurs décennies.

Le soutien et l’accompagnement des victimes que nous avons assurés lors des drames de ce mois d’août montrent que notre action sur le terrain est plus que jamais nécessaire et utile.

La sensibilisation immédiate des Autorités dans le Gard et l’Hérault aux risques de récupérations sectaires à l’occasion des inondations de septembre a permis de prévenir efficacement les infiltrations qu’avaient connues Toulouse lors de l’explosion de l’usine AZF et l’Aude lors des inondations d’il y a quelques années.

Tout cela a fait passer au second plan les changements que l’U.N.A.D.F.I. a connus cet été : élection d’un nouveau Bureau composé de sept membres issus des ADFI du Nord, de l’Ouest et du Sud de la France et surtout le renforcement du Service de Documentation structuré autour de pôles d’intérêts, qui permettra de renforcer la synergie des diverses ADFI ainsi que l’action de l’Union Nationale.

Les modifications attendues par l’ensemble des A.D.F.I. au niveau d’une meilleure lisibilité des structures et de leur fonctionnement sont en cours de réalisation. Ce n’est pas le lieu, ici, d’aborder ces changements, mais ils sont le signe d’une nouvelle impulsion et d’un renforcement de l’action que nous menons.

Notre détermination à continuer d’aider les victimes de sectes et à prévenir de la dangerosité des groupes sectaires s’inscrit dans la continuité de l’action menée.

Editorial

C’est compter sans la difficulté de fournir devant la justice des preuves recevables
de ces abus, difficulté d’autant plus grande que les techniques de communication
et d’influence, largement utilisées dans tous les domaines de la vie publique et privée, ne cessent de gagner en subtilité… et efficacité.
C’est aussi compter sans le pouvoir et la capacité des manipulateurs (groupes ou individus) de rendre très difficile le recours à la justice de la part de leurs « adeptes ».

Il faut beaucoup de courage et de lucidité à une victime pour porter en justice un contentieux avec une de ces sectes qui revendique à son profit le respect des libertés qu’elle dénie à ses adeptes.

Il faut du courage à qui ose attaquer une organisation sectaire financièrement puissante. Pour ne pas perdre, celle-ci mobilise des avocats habiles à faire traîner la procédure, et active ses réseaux pour décourager les témoins, tenter d’influencer les experts -voire les juges, comme le rappelle à propos des USA, l’avocat américain Graham Berry (voir p.9).

Il faut du courage à un ancien adepte pour surmonter ses sentiments de culpabilité
et de honte et affronter la pression morale du groupe et du gourou qui connaît généralement tout de lui. Il court le risque de ne pas être entendu ni compris, un non-lieu pouvant alors représenter pour lui une deuxième peine.

Il faut du courage à un parent désireux de soustraire ses enfants à un embrigadement précoce, de la ténacité aussi, pour se faire entendre sans être accusé d’atteinte à la liberté de croyance (voir p. 3).

Accompagnant familles et ex-adeptes depuis de longues années, nos associations savent combien l’action de la justice est indispensable pour redonner leur dignité aux victimes, pour mettre une limite à la toute puissance des gourous, pour protéger les personnes les plus vulnérables, tout particulièrement les enfants.

De la nécessité de protéger l’exercice de la psychothérapie

Afin de protéger les particuliers en demande d’aide ponctuelle ou durable sur le plan psychique, le législateur a réglementé l’usage du titre de psychothérapeute. Tout n’est pas résolu pour autant : l’exercice de la psychothérapie n’étant pas protégé, l’usager demeure exposé à des pratiques non conventionnelles, certaines farfelues ou charlatanesques, d’autres à haut risque pour sa santé mentale et son insertion sociale.
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Éditorial

Le 13 avril à l’Hôtel de Ville de Soissons, Alain Vivien a remis la Légion d’honneur au Père Jacques Trouslard, en reconnaissance d’une vie de combat pour les Droits de l’Homme. Dans une réponse toute épicée de l’humour que nous lui connaissons et qui ne se laisse jamais aller à l’ironie, le récipiendaire a tenu à souligner qu’il « n’y était pour rien »… Rien ? Une vie de résistant lors de la deuxième guerre mondiale, et de lutte contre les comportements des sectes durant ces vingt dernières années.

C’est par hasard, a-t-il dit, qu’il a été lancé dans cette aventure, à partir d’une lettre reçue par son évêque, et à laquelle celui-ci lui demandait de répondre. Le Père Trouslard rappela alors son enquête exhaustive sur la secte pseudo-catholique de Saint Erme, ce qui était particulièrement délicat puisqu’au premier abord il devait s’en prendre, en l’occurrence, à sa propre église. Il comprit sur le vif ce qu’était la manipulation mentale par laquelle un prêtre égaré avait dévoyé plusieurs centaines de personnes de haute culture et sincères dans leur recherche de spiritualité. Plusieurs anciens adeptes étaient présents, toujours reconnaissants d’avoir pu se rétablir sur tous les plans.

Parmi tous les remerciements formulés avec une rare élégance, ce fut l’occasion pour le Père Trouslard d’insister tout particulièrement sur le fait que sa décoration était aussi celle des anciens adeptes qui, ayant pris pleinement conscience de la tromperie, ont eu le courage insigne de témoigner, conscients de ce que personne ne pouvait avoir plus d’efficience qu’eux-mêmes dans le dur travail de prévention.

Oui, nous tenons à redire, à la suite du Père Trouslard, la dette que les associations de défense, les organismes publics, la société enfin dans son ensemble ont contractée vis-à-vis de personnes que leur rupture avec la secte laissaient complètement démunies, et mettaient dans bien des cas littéralement « à la rue ». Ces personnes-là ont eu le formidable ressort de dire leur part de vérité, et de porter plainte. C’est à eux pour l’essentiel que l’on doit l’évolution des esprits, et au premier chef de la magistrature. On peut en suivre les étapes à travers les nombreux procès que les sectes ont intentés au nouveau chevalier, qui n’a pas manqué de dire au passage sa reconnaissance aux avocats qui l’ont défendu gratuitement, et à la Presse qui a diffusé les témoignages au prix, elle aussi, des procès visant à la museler.

Une grande leçon se dégage là, destinée à tous : que chacun, méditant sur la droiture de l’esprit, joue son rôle, ni plus ni moins, là où la vie l’a placé.

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Editorial

Face aux propositions multiples, plus séduisantes les unes que les autres, de développement personnel, d’actions humanitaires, de découverte de spiritualités diverses, d’ouverture à d’autres cultures, il est bien difficile de ne pas se laisser tenter… Beaucoup tiennent leurs promesses en apportant des réponses aux interrogations ou aux situations personnelles des uns et des autres. Mais encore trop de ces offres ne sont que des masques pour des organisations ou des gourous avides de pouvoir, qui enferment et assujettissent leurs adeptes.

Les conséquences de ces dérives pour les individus, les familles et la société dans son ensemble, sont suffisamment lourdes pour que chacun se sente concerné et exerce une nécessaire vigilance, en commençant par s’informer.

C’est dans cette optique que les associations de victimes de mouvements sectaires, se mobilisent pour informer sur la face cachée des organisations, les atteintes à la dignité et à la liberté de leurs membres, dérives réelles quoiqu’en disent les farouches opposants de toute action contre les mouvements sectaires.

Ils le font avec courage et ténacité, et il faut déplorer que leurs voix ne soient parfois pas plus entendues, comme l’explique Audrey Chaytor, directrice d’une association anglaise membre de la FECRIS.
C’est aussi pour faire connaître à un large public les risques qu’il y a à suivre inconditionnellement certains gourous et leur théorie, que des journalistes traitent de ces sujets. Des films d’investigation récents ont contribué à mettre en lumière les pressions internes exercées sur les membres de certains groupes ou réseaux. Les propos de P. Dutilleul, journaliste à la RTBF, apportent un éclairage intéressant sur les conditions nécessaires à la réalisation de telles émissions.

Pour les victimes, de nombreuses années sont souvent nécessaires avant de réaliser qu’elles ont été trompées, assujetties, puis abusées physiquement, financièrement ou moralement. Et lorsqu’elles décident de porter l’affaire devant la justice, elles risquent de devoir faire face à l’incrédulité de personnes peu informées sur la manipulation mentale, ou niant même sa réalité.

Pour nos associations, la prévention passe d’abord par l’information et l’objectif premier des articles et témoignages publiés ici est bien de faire connaître le plus largement possible la réalité du phénomène sectaire.