Editorial – Bulles N°98

Les responsables de sectes et leurs organisations complices, quand ils ont l’occasion de s’exprimer dans les médias ou à travers leur propre littérature, ont l’habitude de qualifier les membres qui les ont quittés et qui témoignent de leur triste expérience, tout simplement de « mécontents ».

Ces derniers, eux, s’estiment être des victimes trompées, exploitées et abusées par des organisations totalitaires. Il arrive aussi que les sectes, et certains sociologues des religions, aient recours à un vocabulaire religieux et, désignant les victimes, ne parlent plus de mécontents, mais d’apostats ou de renégats, deux termes qui, en effet, se réfèrent à la sphère religieuse et qui évoquent la trahison, le reniement, c’est à dire l’abandon de croyances et d‘une foi jurée.

Devant ces termes qui à une certaine époque (mais aujourd’hui aussi dans certains pays) condamnaient violemment des êtres parjures, nous ne pouvons que nous étonner ; car enfin, les personnes que les ADFI reçoivent, les témoignages que nous entendons, ne parlent pas de croyances. Si on vient chercher compréhension et soutien, c’est pour exprimer une souffrance, mais jamais pour avoir cru aux Thétans, aux Elohims ou autres entités surnaturelles. Nous ne connaissons tout simplement que des victimes de techniques de mise sous influence, de manipulation mentale.

En appui à cette argumentation nous pouvons également affirmer que nous n’avons jamais eu l’occasion de recevoir des plaintes de la part de fidèles qui se sont éloignés de l’Eglise Catholique ou de l’Eglise Réformée par exemple. Nous n’avons jamais rencontré ce genre de « mécontents ». Autrement dit nous ne connaissons que des victimes de sectes et non de religions.

Comment la Scientologie traite la critique extérieure

Depuis plus de 20 ans, l’avocat américain Graham E. Berry lutte contre le comportement illégal de la Scientologie et dénonce le fait que cette dernière ait réussi en 1993, par des pressions inouïes auprès de l’Administration des Etats-Unis, à obtenir des avantages considérables. Lui ont été accordés d’une part l’annulation de sa dette fiscale de 500 M$, pour taxes impayées et condamnations en justice, d’autre part un statut de « religion exonérée de l’impôt fédéral », ce qu’aucune religion américaine traditionnelle ou nouvelle n’a jamais obtenu. Face à cette entreprise, qu’il qualifie de groupe international criminel, il rend hommage au courage et à l’intelligence du mouvement des Anonymous.

Bulles publie, en deux parties, la traduction de son intervention du 4 décembre 2009 devant le Groupe de Travail Scientologie de Hambourg, en Allemagne. Le texte original est publié sur le site de Graham Berry , avec toutes les références en notes, indiquées ici entre crochets.

Je tiens à remercier le Land de Hambourg et Madame Ursula Caberta de m’avoir invité à donner mon opinion sur la façon dont l’Eglise de Scientologie traite ses critiques externes.

Ma réponse est courte : la Scientologie traite la critique externe en attaquant son auteur et en essayant de le détruire par des dénis, des mensonges, de la confusion, et de la diffamation. Toutefois, le critique doit être personnellement identifié avant d’être personnellement détruit. Le grand succès des Anonymous a été l’anonymat. Le masque des Anonymous est devenu le support de la libre parole critiquant la secte de l’extérieur. (…)

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Bulles 111 – Editorial

En 2004, pour répondre aux demandes renouvelées des ADFI très souvent sollicitées pour des situations concernant des mineurs, nous avons publié un numéro spécial de Bulles « Les sectes et les enfants ». Outre le fait que ce numéro est épuisé depuis un certain temps (on peut cependant en retrouver les articles sur le site internet de l’UNADFI), il nous paraît intéressant de revenir aujourd’hui sur la question des enfants et des adolescents victimes de sectes.

La prise de conscience par les pouvoirs publics d’une forme spécifique de « maltraitance sectaire », a conduit l’Assemblée Nationale à réunir, en 2006, une Commission d’enquête relative à l’influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs. Constatant « un engagement inégal » et « des faiblesses manifestes » dans l’action des pouvoirs publics, les députés formulaient 50 propositions.

La loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance va dans le sens de certaines de ces propositions en axant les actions vers un renforcement de la prévention « pour venir en aide aux enfants et à leurs parents avant qu’il ne soit trop tard » et une organisation plus efficace du signalement de situations de « mineurs en danger ».

En octobre 2010, la MIVILUDES publie La protection des mineurs contre les dérives sectaires, guide destiné aux professionnels de la protection de l’enfance, aux familles et à l’entourage des enfants et des adolescents. On en trouvera un extrait en introduction de ce numéro.

Nous ne pouvons que nous réjouir de ces avancées légales dans l’intérêt de l’enfant. Elles prennent en compte la notion d’emprise mentale, le cœur de la problématique sectaire, qui empêche la structuration des jeunes personnalités, leur capacité à devenir autonomes et à s’ouvrir au monde extérieur.

Il importe de rester vigilant et informé : les enfants et les adolescents restent toujours une cible pour bien des mouvements sectaires et ceux qui attentent à leur dignité échappent encore trop souvent aux sanctions, comme on le verra dans certains témoignages.

Ce numéro de Bulles contient un dépliant, destiné à être largement diffusé, donnant des éléments de repère des atteintes aux droits de l’enfant.

AUM

Le 20 mars 1995, le gourou Shoko Asahara et des adeptes de sa secte, Aum Shinrikyo, provoquaient un attentat dans le métro de Tokyo, causant la mort de douze personnes et en intoxiquant des milliers d’autres. Cet acte criminel introduisait une rupture historique dans la tactique terroriste par son emploi d’une arme non-conventionnelle : le gaz sarin.
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Editorial

Parmi les manifestations extrêmes de la mégalomanie, cette folie des grandeurs caractéristique de tous les « chefs », « leaders » ou « Führer » des sectes passées ou présentes, certaines atteignent des sommets – avant la chute parfois, hélas, dévastatrice, non seulement pour le mégalomane et ses adeptes, mais pour beaucoup d’autres. La puissance absolue sur les hommes et sur le monde est toujours le phantasme suprême.

Moon et ses projets de constructions pharaoniques, Raël et son rêve de clonage, sont des exemples de cette mégalomanie contemporaine.

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Editorial – Bulles N°99

Nous continuons à informer nos lecteurs, anciens et nouveaux abonnés, sur les structures nationales et internationales qui décrivent le phénomène sectaire avec le souci permanent de mise en garde.

Nous ne présentons plus la MIVILUDES (Mission Interministérielle de VIgilance et de LUtte contre les DErives Sectaires) organisme officiel connu par son rapport annuel remis au Premier Ministre et, récemment, par son guide à l’adresse des collectivités territoriales dont nous rendons compte dans ce numéro.
Dans le même souci d’information, il nous a semblé utile d’exposer les différents moyens dont peut disposer tout citoyen pour alerter les pouvoirs publics quand il a connaissance d’une mise en danger d’un de ses proches, victime d’un groupe sectaire.

Sur le plan international nous avons souvent évoqué l’action de la FECRIS (Fédération Européenne des Centres de Recherche et d’Information sur le Sectarisme) dont l’UNADFI est membre. Son histoire, faite d’efforts renouvelés auprès des instances européennes, nous est relatée ici par sa vice-présidente à l’occasion d’un colloque organisé par des psychologues.
En effet, le danger de manipulation et d’embrigadement est toujours là : le cas de Sri Chinmoy, imposteur notoire se prétendant grand défenseur de la paix mondiale en est un exemple. N’a-t-il pas su convaincre et aveugler même des personnalités politiques et morales comme le décrit l’article qui lui est consacré dans ces pages ?

Les témoignages de victime relatés dans chaque n° de Bulles donnent la mesure de ce danger et nous ont conduits à des analyses approfondies sur la mise en état de sujétion, analyses que nous poursuivons au cours de plusieurs publications.

Si nous insistons sur l’action des structures ci-dessus mentionnées c’est qu’en fait le nombre de personnes aujourd’hui fascinées par les connaissances ésotériques, voire magiques, ne diminue pas.
N’assistons-nous pas actuellement à un phénomène de mode, relayé par les médias : ainsi le chamanisme devient-il l’objet d’une curiosité d’autant plus malsaine qu’il est accompagné de prise de substances qu’on se garde bien de qualifier tout simplement de drogues. Voilà encore un exemple de marché prospère de la crédulité et de la naïveté qui exploite le désir légitime de « développement personnel ».

Paroles et pensées d’un nouvel adepte

Une tragédie est en train de se jouer. Des proches, surtout les plus proches, brusquement sont stupéfaits de l’emprise fantastique, inconcevable pour eux, exercée sur celui ou celle qui subit une mutation. Devant l’inconnu, leur premier réflexe, bien compréhensible dans la panique, est de chercher le moyen de dissiper ce qui ressemble à un enchantement, en se référant à un code de pensée rationnelle communément admis.
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Editorial

A plusieurs reprises, nous avons eu l’occasion de donner la parole à des personnes sorties d’un mouvement sectaire. Chacune de leurs histoires est différente mais pour beaucoup cette étape a été longue et difficile. Tous conservent l’empreinte de leurs années sous emprise.
Les raisons qui amènent un adepte à s’éloigner de son groupe d’appartenance sont diverses ; cependant revient toujours le constat des contradictions entre les exigences légitimées par une doctrine et les actions des dirigeants.

Ces contradictions ne peuvent être perçues que par ceux qui connaissent le fonctionnement interne d’un groupe, les règles écrites ou implicites qui régissent la vie quotidienne et les relations des membres entre eux, avec les dirigeants, et vis à vis de l’extérieur.

Séduit par un discours prometteur, l’adepte n’a pas d’information sur ce « règlement », justifié par la doctrine, qu’il adopte au fur et à mesure de son implication. C’est ainsi que se met en place l’emprise et son cortège d’atteintes aux droits fondamentaux des personnes.
La connaissance des faits, la compréhension du fonctionnement interne des groupes et des méthodes d’emprise, nous les devons à de nombreux ex-adeptes qui ont tenu à faire connaître la vérité.

Comme le soulignait Stephen Kent, sociologue canadien, lors du dernier colloque de la FECRIS, leurs témoignages reçus avec respect, attention, et discernement ont considérablement aidé les familles, les associations, et certains universitaires.

Les « gourous », qui savent combien les témoignages des ex-adeptes peuvent leur nuire, font pression de façons diverses sur leurs auteurs. Mais des attaques plus incompréhensibles sont venues de chercheurs qui, les considérant comme des apostats, jugent que leur témoignages sont plus destinés à prendre une revanche qu’à révéler une réalité sectaire cachée. à ce titre, ils les déclarent non crédibles. L’analyse de Jean-Pierre Jougla sur « le syndrome de l’apostat » souligne la portée d’une telle accusation.

L’actualité récente a mis en lumière la grande difficulté pour des personnes ayant subi une emprise de porter plainte, de vivre une procédure judiciaire souvent très longue, et d’affronter un procès, éprouvant et à l’issue incertaine.

EDITORIAL

Pourquoi un nouveau numéro de BULLES consacré aux Témoins de Jéhovah ? Il y a dix ans en effet, cette organisation avait déjà fait l’objet d’un numéro spécial (n° 47, 3ème trimestre de 1995). Constatant que les Témoins de Jéhovah sont toujours l’occasion du plus grand nombre d’appels auprès de toutes les ADFI, il nous est apparu judicieux d’informer nos lecteurs actuels des graves conséquences dont ont à souffrir les personnes engagées dans cette secte. Tous les domaines de la vie des adeptes, vie privée et vie sociale, sont régis par cette organisation qu’il faut donc bien qualifier de totalitaire. Les victimes sont non seulement les membres (les récits d’anciens T J, insérés dans ce numéro, en témoignent), mais aussi leurs familles qui nous adressent toujours les mêmes plaintes, qui nous font part des mêmes inquiétudes.
Et par delà les adeptes et leurs familles, c’est la société qui est également menacée : nous soulignons en effet son appétit de conquête, sa détermination, par les pressions qu’elle exerce sur les structures administratives, à être reconnue comme association cultuelle. Les T J ont reçu ces dernières années une reconnaissance en ce sens dans plus de 70 départements. Ils cherchent maintenant à obtenir ce statut loi 1905 sur le plan national, alors que le Conseil d’État, par décision du 1er février 1985, leur dénie ce caractère.
Quoiqu’il en soit, nous avons, pour notre part, souvent dénoncé dans notre publication les attitudes de cette puissance financière et son obscurantisme (cf. son enseignement du créationnisme [1]). Nous ne nous résignerons jamais devant une entreprise capable de mettre ses membres dans un tel état de dépendance psychologique et morale.

[1] Voir Bulles n°80, 4ème trimestre 2003, « qui sont vos ancêtres ? » p.11 et Bulles n°86, 2èmetrimestre 2005, « le créationnisme en pleine évolution » p.6.