Editorial – Bulles N°99

Nous continuons à informer nos lecteurs, anciens et nouveaux abonnés, sur les structures nationales et internationales qui décrivent le phénomène sectaire avec le souci permanent de mise en garde.

Nous ne présentons plus la MIVILUDES (Mission Interministérielle de VIgilance et de LUtte contre les DErives Sectaires) organisme officiel connu par son rapport annuel remis au Premier Ministre et, récemment, par son guide à l’adresse des collectivités territoriales dont nous rendons compte dans ce numéro.
Dans le même souci d’information, il nous a semblé utile d’exposer les différents moyens dont peut disposer tout citoyen pour alerter les pouvoirs publics quand il a connaissance d’une mise en danger d’un de ses proches, victime d’un groupe sectaire.

Sur le plan international nous avons souvent évoqué l’action de la FECRIS (Fédération Européenne des Centres de Recherche et d’Information sur le Sectarisme) dont l’UNADFI est membre. Son histoire, faite d’efforts renouvelés auprès des instances européennes, nous est relatée ici par sa vice-présidente à l’occasion d’un colloque organisé par des psychologues.
En effet, le danger de manipulation et d’embrigadement est toujours là : le cas de Sri Chinmoy, imposteur notoire se prétendant grand défenseur de la paix mondiale en est un exemple. N’a-t-il pas su convaincre et aveugler même des personnalités politiques et morales comme le décrit l’article qui lui est consacré dans ces pages ?

Les témoignages de victime relatés dans chaque n° de Bulles donnent la mesure de ce danger et nous ont conduits à des analyses approfondies sur la mise en état de sujétion, analyses que nous poursuivons au cours de plusieurs publications.

Si nous insistons sur l’action des structures ci-dessus mentionnées c’est qu’en fait le nombre de personnes aujourd’hui fascinées par les connaissances ésotériques, voire magiques, ne diminue pas.
N’assistons-nous pas actuellement à un phénomène de mode, relayé par les médias : ainsi le chamanisme devient-il l’objet d’une curiosité d’autant plus malsaine qu’il est accompagné de prise de substances qu’on se garde bien de qualifier tout simplement de drogues. Voilà encore un exemple de marché prospère de la crédulité et de la naïveté qui exploite le désir légitime de « développement personnel ».

Paroles et pensées d’un nouvel adepte

Une tragédie est en train de se jouer. Des proches, surtout les plus proches, brusquement sont stupéfaits de l’emprise fantastique, inconcevable pour eux, exercée sur celui ou celle qui subit une mutation. Devant l’inconnu, leur premier réflexe, bien compréhensible dans la panique, est de chercher le moyen de dissiper ce qui ressemble à un enchantement, en se référant à un code de pensée rationnelle communément admis.
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Editorial

A plusieurs reprises, nous avons eu l’occasion de donner la parole à des personnes sorties d’un mouvement sectaire. Chacune de leurs histoires est différente mais pour beaucoup cette étape a été longue et difficile. Tous conservent l’empreinte de leurs années sous emprise.
Les raisons qui amènent un adepte à s’éloigner de son groupe d’appartenance sont diverses ; cependant revient toujours le constat des contradictions entre les exigences légitimées par une doctrine et les actions des dirigeants.

Ces contradictions ne peuvent être perçues que par ceux qui connaissent le fonctionnement interne d’un groupe, les règles écrites ou implicites qui régissent la vie quotidienne et les relations des membres entre eux, avec les dirigeants, et vis à vis de l’extérieur.

Séduit par un discours prometteur, l’adepte n’a pas d’information sur ce « règlement », justifié par la doctrine, qu’il adopte au fur et à mesure de son implication. C’est ainsi que se met en place l’emprise et son cortège d’atteintes aux droits fondamentaux des personnes.
La connaissance des faits, la compréhension du fonctionnement interne des groupes et des méthodes d’emprise, nous les devons à de nombreux ex-adeptes qui ont tenu à faire connaître la vérité.

Comme le soulignait Stephen Kent, sociologue canadien, lors du dernier colloque de la FECRIS, leurs témoignages reçus avec respect, attention, et discernement ont considérablement aidé les familles, les associations, et certains universitaires.

Les « gourous », qui savent combien les témoignages des ex-adeptes peuvent leur nuire, font pression de façons diverses sur leurs auteurs. Mais des attaques plus incompréhensibles sont venues de chercheurs qui, les considérant comme des apostats, jugent que leur témoignages sont plus destinés à prendre une revanche qu’à révéler une réalité sectaire cachée. à ce titre, ils les déclarent non crédibles. L’analyse de Jean-Pierre Jougla sur « le syndrome de l’apostat » souligne la portée d’une telle accusation.

L’actualité récente a mis en lumière la grande difficulté pour des personnes ayant subi une emprise de porter plainte, de vivre une procédure judiciaire souvent très longue, et d’affronter un procès, éprouvant et à l’issue incertaine.

EDITORIAL

Pourquoi un nouveau numéro de BULLES consacré aux Témoins de Jéhovah ? Il y a dix ans en effet, cette organisation avait déjà fait l’objet d’un numéro spécial (n° 47, 3ème trimestre de 1995). Constatant que les Témoins de Jéhovah sont toujours l’occasion du plus grand nombre d’appels auprès de toutes les ADFI, il nous est apparu judicieux d’informer nos lecteurs actuels des graves conséquences dont ont à souffrir les personnes engagées dans cette secte. Tous les domaines de la vie des adeptes, vie privée et vie sociale, sont régis par cette organisation qu’il faut donc bien qualifier de totalitaire. Les victimes sont non seulement les membres (les récits d’anciens T J, insérés dans ce numéro, en témoignent), mais aussi leurs familles qui nous adressent toujours les mêmes plaintes, qui nous font part des mêmes inquiétudes.
Et par delà les adeptes et leurs familles, c’est la société qui est également menacée : nous soulignons en effet son appétit de conquête, sa détermination, par les pressions qu’elle exerce sur les structures administratives, à être reconnue comme association cultuelle. Les T J ont reçu ces dernières années une reconnaissance en ce sens dans plus de 70 départements. Ils cherchent maintenant à obtenir ce statut loi 1905 sur le plan national, alors que le Conseil d’État, par décision du 1er février 1985, leur dénie ce caractère.
Quoiqu’il en soit, nous avons, pour notre part, souvent dénoncé dans notre publication les attitudes de cette puissance financière et son obscurantisme (cf. son enseignement du créationnisme [1]). Nous ne nous résignerons jamais devant une entreprise capable de mettre ses membres dans un tel état de dépendance psychologique et morale.

[1] Voir Bulles n°80, 4ème trimestre 2003, « qui sont vos ancêtres ? » p.11 et Bulles n°86, 2èmetrimestre 2005, « le créationnisme en pleine évolution » p.6.

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Editorial

Au cours de l’été 2002, la presse quotidienne nous apprenait qu’aux USA un gamin de douze ans entrait dans son collège porteur d’une arme. La direction de l’école s’y est opposée. Ce garçon, soutenu par ses parents, membres de la secte POUM (sic), d’inspiration indienne, dirigée par le Révérend…, insista pour continuer, en arguant d’une obligation dans sa religion. L’affaire fut déférée à la justice, et celle-ci donna satisfaction au porteur d’arme, dans un contexte où, par surcroît personne ne peut plus ignorer le drame de Columbine, notamment depuis le film (Bowling for Columbine).
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Editorial

Depuis leur création par des familles touchées de plein fouet par le phénomène sectaire, les ADFI reçoivent quotidiennement les témoignages des dégâts familiaux provoqués par l’emprise sectaire : parents rejetés brutalement sous des prétextes mensongers, conjoint exclu parce qu’il n’adhère pas à une doctrine nouvellement révélée, enfants éloignés de leurs parents pour cause d’influence impure, voire satanique, grands-parents privés des contacts avec leurs petits enfants, etc.

En effet, les mouvements sectaires ou les « maîtres » détenant une vérité révélée exclusive, après avoir subtilement discrédité les liens familiaux, vont imposer à leurs membres des règles de vie rendant ces liens difficiles. C’est ce dont ont voulu témoigner, par leur déclaration collective, des parents ayant un enfant dans le mouvement Solidarité et Progrès ; c’est aussi ce qui a conduit un ancien Témoin de Jéhovah à saisir la justice pour faire reconnaître la discrimination dont il est l’objet de la part de son ancienne congrégation.

La plupart du temps, les proches sont les premiers à s’inquiéter des effets d’une emprise sectaire, et se sentent totalement démunis. Toute la difficulté est, en effet, d’évaluer la gravité de la situation et de trouver la bonne stratégie pour contrer la manipulation dont leur proche est l’objet. Le témoignage d’un père, dont on lira la troisième et dernière partie dans ce numéro, montre que la mobilisation de l’entourage proche, jointe à l’aide de personnes expérimentées peuvent permettre d’éviter la rupture et l’embrigadement.

Mais, le plus souvent, il n’a pas été possible d’arrêter la dérive et la famille va vivre des moments difficiles, se sentant coupable et impuissante. La rencontre avec d’autres personnes vivant les mêmes problèmes, l’aide trouvée auprès des associations et des professionnels compétents, peuvent lui permettre de dépasser ces sentiments pour affronter plus sereinement la situation et être là lorsque, peut-être, l’adepte aura besoin de sa famille.

Editorial

Il y a trente-cinq ans que les premières familles se sont insurgées puis regroupées pour lutter contre les nouvelles sectes. Aujourd’hui, on constate que la question des atteintes aux droits de l’homme par des mouvements sectaires (petits ou grands…) est mieux connue du grand public et qu’elle est prise en compte par les autorités de plusieurs pays.

Ayant su discerner les objectifs totalitaires de tels mouvements, et refusant de rester de simples spectateurs de l’exploitation morale, physique et affective de leur proche, ces familles ont ensemble créé des associations qui, fortes d’une expérience acquise au long des années, accueillent, soutiennent, informent, alertent aujourd’hui encore…

Mais la situation reste préoccupante, comme le soulignent, dans ce numéro de Bulles, le président et les différentes associations de la FECRIS, l’avocat Graham Berry aux Etats-Unis ou Pascal Zivi au Japon.

Toujours présentes, certaines sectes internationales, plus discrètes pendant un temps, profitent de la crise actuelle pour étendre leur pouvoir sur de nouveaux venus.
Dilués dans un réseau de petites associations aux activités très variées, souvent dirigées par d’anciens cadres de sectes, d’autres groupes se développent.

L’ensemble continue à collecter des sommes d’argent considérables et, dans de nombreux cas, parvient à influencer les pouvoirs politiques.

Partout une défense s’organise, bien que les moyens matériels des familles et des associations de bénévoles soient très faibles et que les sectes (et leurs apologistes…) brandissent l’atteinte à la liberté de croyance pour tenter d’interdire la critique. Mais vouloir dénoncer les abus de pouvoir et les atteintes aux libertés présente parfois de réels risques, comme ceux pris par les Anonymous en dénonçant le traitement d’exception qu’a obtenu la Scientologie aux Etats-Unis.

Anciens adeptes, familles, associations, tous témoignent de la nécessité de ne pas renoncer à dénoncer les atteintes au respect et à la dignité des personnes. Avec le soutien officiel de personnes lucides au sein des pouvoirs publics et des institutions, il nous faut tenir bon, continuer à informer et prévenir, et faire entendre la voix des victimes pour faire avancer la législation et la jurisprudence.