L’engrenage de la sorcellerie

L’ADFI reçoit plusieurs fois par semaine des appels de personnes qui se disent ensorcelées ou envoûtées, soit par un sorcier, un médium, un thérapeute, soit par les sectes dont elles s’imaginent « attaquées » du fait de leur trahison, ou qui pratiquent effectivement des rituels diaboliques (voir Bulles n° 70). Pour un psychologue clinicien, ces nombreux cas posent question.
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La lutte de FAIR et de The Family Survival Trust en Grande-Bretagne

Extraits de l’intervention d’Audrey Chaytor lors du colloque de la FECRIS « Perméabilité du monde contemporain face aux sectes », à Londres le 17 avril 2010. Audrey Chaytor est directrice de The Family Survival Trust dont l’action d’information et d’aide aux victimes se poursuit depuis trois décennies, avec ténacité mais non sans une certaine amertume devant le peu de prise en compte du phénomène sectaire par les autorités qui, rappelons-le, sont au Royaume-Uni l’Etat et l’Eglise Anglicane.

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Editorial

On pense encore trop souvent que celui qui devient membre d’une organisation sectaire coercitive, ou qui est sous l’emprise totale d’un manipulateur, s’est fait « piéger » parce qu’il n’avait pas un bagage culturel suffisant. La réalité est plus complexe car, dans une telle situation, l’affectif, les aspirations personnelles, une éventuelle vulnérabilité, tiennent autant de place, voire plus, que la réflexion et la raison.

Bien souvent, les personnes qui, inquiètes pour un proche, viennent voir nos associations, découvrent seulement alors les stratégies de mise sous influence, les techniques de contrôle de la pensée et du comportement et le fonctionnement de telles organisations. Elles apprennent, aussi, des réalités sur les individus, les doctrines, l’histoire du mouvement, dont il n’est jamais fait état lors des premières rencontres, et qui sont soigneusement cachées car elles nuiraient incontestablement à leur image. Les témoignages d’anciens membres leur révèlent souvent des règles internes attentatoires au respect et à la dignité des individus.

Autant il serait absurde de se méfier de tout et de tous au prétexte que l’on peut « se faire avoir », autant il faut être conscient que les mécanismes de l’emprise peuvent conduire des personnes, des familles, des groupes, à des situations graves, et qu’il est nécessaire d’être vigilant.

Les associations informent et aident à comprendre. Elles s’efforcent aussi d’alerter le public à travers des séances de prévention, des publications et des sites Internet.

Dans plusieurs pays, les pouvoirs publics ont pris conscience des risques et mis en place des structures de vigilance et d’information. En France, les guides élaborés par la Miviludes, dont les deux derniers sont présentés dans ce numéro, offrent des outils efficaces à de nombreux professionnels. En Belgique aussi, les publications et avis du CIAOSN apportent au public des éléments précieux de discernement.

S’il fallait prouver l’importance de l’information dans la lutte contre l’emprise sectaire, il suffirait de constater les pressions exercées par certains mouvements, et ceux qui les soutiennent, sur ceux qui se montrent critiques à leur égard[1]…

[1] Voir par exemple

Editorial

L’UNADFI et un grand nombre de partenaires ont accueilli tout à fait favorablement le rapport annuel de la MIVILUDES.
Dès sa nomination, le président Roulet avait donné des orientations claires sur l’action qu’il comptait mener au nom du Premier Ministre.
La teneur de ce rapport est de nature à rassurer les victimes de sectes et leur famille qui sont le centre d’intérêt des préoccupations du Président, mais aussi les associations de défense qui y voient à nouveau un soutien et la reconnaissance de leur action.
Preuve en est que ce rapport dérange, les manifestations de quelques « agités du blog » ne se sont pas fait attendre. Toujours spécieux dans le propos, ils serinent des couplets à la limite de la diffamation tout en apportant leur soutien à des groupes portant atteinte à la dignité humaine et aux libertés.
Ce rapport met en lumière la nécessité première de protéger les mineurs de l’emprise des sectes. Victimes de leurs parents engagés dans ces mouvements, victimes des gourous qui les exploitent, ils sont les premiers à payer un lourd tribu à la secte qui les accueille.
L’année qui vient de s’écouler nous a conduits à nous porter partie civile dans des procès douloureux dont l’enfant était le centre, nié dans son intégrité, soumis à la maltraitance physique et psychologique et parfois conduit jusqu’à la mort.
Au-delà des pratiques éducatives douteuses voire néfastes pour l’enfant à l’intérieur d’un groupe, le rapport met en évidence les risques induits par les pratiques de soins et de guérison. Ils sont en recrudescence depuis cinq ans et touchent particulièrement des publics dont la vulnérabilité est avérée : malades du cancer, du sida, toxicomanes. Ce sont les nouvelles cibles de pseudo thérapeutes dont l’activité par le biais de médecines alternatives relève plus de l’exercice illégal de la médecine et de l’escroquerie que du soin.
Ces deux points du rapport nécessitent à eux seuls la mise en place d’outils de prévention. Il appartient donc à notre association d’accentuer son travail de recherche et de formation pour répondre à cette demande des pouvoirs publics.
Nous pouvons saluer la proposition de création d’une commission d’enquête parlementaire qui porterait pour titre : « L’influence des mouvements à caractère sectaire ; les conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et morale des mineurs ».
Elle contribuerait à sensibiliser l’opinion publique à la fois sur les dangers que font courir les sectes aux mineurs et sur les techniques frauduleuses dont elles se servent pour arriver à leur fin

Editorial

De tels exemples doivent nous rappeler que les mouvements sectaires travaillent souvent en réseau pour repérer, séduire, isoler progressivement de son entourage, et conduire une personne à s´engager dans un processus de transformation personnelle et de mise sous dépendance. Ils utilisent une succession de techniques éprouvées pour que les nouvelles recrues abandonnent leur libre arbitre… et se mettent au service d’un projet qui, en réalité, n’est pas celui pour lequel elles croient s’être engagées.

A chaque étape, une personne alertée et en bonne forme pourrait certes remarquer telle ou telle manoeuvre pour l’éloigner de ses proches, de subtiles critiques de son mode de vie ou de révision de son passé ; plus avertie encore, elle noterait, par exemple au cours d´un stage, que sa propre fatigue physique et mentale est programmée, qu’il y a clairement une intention d’affaiblir sa vigilance et son esprit critique.

Mais elle peut tout aussi bien perdre toute défiance devant l’attention qu’on lui porte, l’intérêt qu’elle semble susciter, la chaleur d’un groupe à son égard, le charisme ou la réputation d´un maître. Question de crédulité, de solitude ou de faiblesse momentanée pour certains, question de besoin de reconnaissance ou d´envie de changement ou par curiosité pour d’autres, les raisons sont aussi variées que les histoires sont personnelles.

Une fois engagée dans le groupe, ou devenue adepte convaincue d’une nouvelle théorie, la nouvelle recrue fera tout pour adopter comportement et modes de pensée qui lui ont été présentés comme désirables (allant même parfois au-delà de ce qui est demandé) : ses proches ne la reconnaissent plus, elle leur semble ne plus avoir de pensée personnelle. Ce qui faisait sa personnalité ne semble plus avoir le droit de s’exprimer.

Une ancienne adepte d’un mouvement sectaire, dont le témoignage a été publié dans le dernier numéro de Bulles, parlait de « capture d’âme » ; c’est bien de cela dont il s’agit, et on comprend qu’il faille beaucoup de courage, et souvent une aide extérieure, pour que l’adepte assujetti retrouve sa liberté.

Réflexions d’un journaliste

Intervention de Philippe Dutilleul lors du colloque de la FECRIS « Perméabilité du monde contemporain face aux sectes », à Londres le 17 avril 2010. Philippe Dutilleul est journaliste à la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone), réalisateur du film d’investigation « Mort biologique sur ordonnance téléphonique » avec Nathalie De Reuck.
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