Editorial

De tels exemples doivent nous rappeler que les mouvements sectaires travaillent souvent en réseau pour repérer, séduire, isoler progressivement de son entourage, et conduire une personne à s´engager dans un processus de transformation personnelle et de mise sous dépendance. Ils utilisent une succession de techniques éprouvées pour que les nouvelles recrues abandonnent leur libre arbitre… et se mettent au service d’un projet qui, en réalité, n’est pas celui pour lequel elles croient s’être engagées.

A chaque étape, une personne alertée et en bonne forme pourrait certes remarquer telle ou telle manoeuvre pour l’éloigner de ses proches, de subtiles critiques de son mode de vie ou de révision de son passé ; plus avertie encore, elle noterait, par exemple au cours d´un stage, que sa propre fatigue physique et mentale est programmée, qu’il y a clairement une intention d’affaiblir sa vigilance et son esprit critique.

Mais elle peut tout aussi bien perdre toute défiance devant l’attention qu’on lui porte, l’intérêt qu’elle semble susciter, la chaleur d’un groupe à son égard, le charisme ou la réputation d´un maître. Question de crédulité, de solitude ou de faiblesse momentanée pour certains, question de besoin de reconnaissance ou d´envie de changement ou par curiosité pour d’autres, les raisons sont aussi variées que les histoires sont personnelles.

Une fois engagée dans le groupe, ou devenue adepte convaincue d’une nouvelle théorie, la nouvelle recrue fera tout pour adopter comportement et modes de pensée qui lui ont été présentés comme désirables (allant même parfois au-delà de ce qui est demandé) : ses proches ne la reconnaissent plus, elle leur semble ne plus avoir de pensée personnelle. Ce qui faisait sa personnalité ne semble plus avoir le droit de s’exprimer.

Une ancienne adepte d’un mouvement sectaire, dont le témoignage a été publié dans le dernier numéro de Bulles, parlait de « capture d’âme » ; c’est bien de cela dont il s’agit, et on comprend qu’il faille beaucoup de courage, et souvent une aide extérieure, pour que l’adepte assujetti retrouve sa liberté.

La CAIMADES, une cellule spécialisée sur les sectes

Frédéric Malon explique que la création de CAIMADES (Cellule d’assistance et d’intervention en matière de dérives sectaires) date de septembre 2009. Cette Cellule, nouvellement créée au sein de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ, est placée sous l’autorité de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP).
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Techniques de mise sous influence

1. La relation d’autorité

  • Une hiérarchie qui s’affiche, qui prône l’acceptation de l’autorité interne en promettant avancement, pouvoir et surtout SALUT.
  • Des règles intransigeantes. On provoque une régression et une désorientation par le fait de devoir demander la permission pour des actes élémentaires de la vie quotidienne.
  • Une doctrine déstabilisante. On encourage l’acceptation aveugle et le rejet de la logique par des exposés complexes et interminables sur une doctrine incompréhensible.
  • Pas de questions. On vise à l’acceptation automatique des croyances en décourageant les questions, et en suggérant d’abandonner ses doutes, condition de toute progression dans l’enseignement proposé.
  • L’approbation du contrôle. Des actions peu différentes les unes des autres entrainent tantôt une récompense, tantôt une punition. D’où une confusion encore accentuée.
  • La peur. Les plus anodines pensées, paroles ou actions tant soit peu « négatives » provoquent des menaces sur l’âme, sur la vie ou sur un organe, ce qui entretient l’obéissance aveugle.

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