Il serait faux de penser que les témoignages cités plus haut concernent des adeptes ayant perdu la raison : comme le souligne au contraire Romy Sauvayre, quelle que soit l’apparente étrangeté ou le caractère extrême de la croyance à laquelle adhère un individu, il a toujours de bonnes raisons, personnelles et cohérentes, d’y croire.
L’emprise
Mais tous ont en commun d’avoir vécu sous l’emprise sectaire de gourous qui les ont conduits à des ruptures aux conséquences préjudiciables, et parfois dramatiques (la mort pour certains…).
L’emprise sectaire est plus qu’un embrigadement : l’embrigadement ne transforme pas la personnalité et cesse avec l’arrêt de la contrainte alors que l’emprise construit une adhésion durable, progressive et de plus en plus large. Elle s’établit peu à peu, sans menace, sans contrainte, sans violence, sans conflit apparent.
Dans la majorité des cas, il y a « une participation active de l’adepte dans l’entrée dans le groupe parce que le discours véhiculé par le groupe correspond à ses attentes, ses refus, ses révoltes ; parce que le groupe est chaleureux et valorisant ; parce que ce groupe et son discours lui offrent une possibilité d’initiative dans une société où l’individu est de plus en plus « sur rails ». Cependant le nouveau venu qui répond positivement à des propositions qui le séduisent, n’a pas connaissance du processus de transformation qu’il va connaître, du résultat final de cette transformation, ni des véritables intentions du leader. (…)